Succès des milices de RSF au Soudan : la prise de Nyala

La milice insurgée soudanaise RSF s’empare de la plus grande ville du Darfour. Ce faisant, elle donne l’exemple, parallèlement aux nouveaux pourparlers en Arabie Saoudite.

BERLIN | Au Soudan, la milice insurgée RSF (Rapid Support Forces) a remporté l’un de ses plus importants succès militaires depuis le début de sa lutte contre l’armée gouvernementale soudanaise, à la mi-avril. À la fin de la semaine dernière, la milice et l’armée ont confirmé jeudi la prise par les RSF de la ville de Nyala, capitale de la province du Darfour du Sud.

L’armée soudanaise a été contrainte d’évacuer la base militaire de Nyala en raison d’un manque de ravitaillement, a déclaré samedi un porte-parole de l’armée. Les RSF avaient déjà annoncé jeudi que leurs combattants avaient pris le contrôle de la base militaire abritant le quartier général de la 16e division d’infanterie soudanaise. En trois jours de violents combats, plus de 2 000 soldats gouvernementaux ont été tués et d’importants stocks d’armements ont été capturés.

Depuis des mois, Nyala est au centre des tentatives des RSF pour prendre le contrôle total de la région du Darfour, à l’ouest du Soudan, où il y a vingt ans, la milice précurseur des RSF, les Janjaweed, a commis des crimes de guerre brutaux au nom du gouvernement tout en réprimant les soulèvements. Après avoir échoué à prendre le pouvoir à Khartoum, la capitale soudanaise, en avril, les RSF ont de plus en plus déplacé leurs activités militaires vers le Darfour, et de violents combats se poursuivent également à Khartoum. Le leader de RSF, Mohammed Hamdan Daglo, dit Hametti, est issu d’une famille de commerçants de Nyala. Son fils et commandant adjoint des RSF, Abdulrahim Daglo, aurait dirigé la prise de Nyala.

Des attaques sanglantes et répétées ont été perpétrées par les deux camps contre la population civile de Nyala ces derniers mois. Des photos et vidéos récentes de Nyala suggèrent que la ville est désormais gravement dévastée. Un distribué samedi Rapport d’un témoin oculaire de Nyala parle de tueries : « La situation est désastreuse, RSF tire sur les citoyens. Certains ont pu s’enfuir, d’autres sont coincés à Nyala, ils n’ont pas assez d’argent pour s’enfuir. » Selon un rapport publié sur le site Internet. Tribune du Soudan Adelrahim Daglo a ordonné à la police de la ville de coopérer et a promis de protéger les civils.

Nouvelle voie d’approvisionnement pour les RSF

Avec la prise de Nyala, les RSF s’emparent de l’une des plus grandes villes du Soudan, du plus important centre commercial et base militaire de l’ouest du pays avec un aéroport international stratégiquement situé non loin des frontières avec le Soudan du Sud, le Tchad et la Centrafrique. République.

À l’avenir, les milices pourront probablement recevoir plus facilement une aide militaire de l’étranger, par exemple de la Russie via les combattants russes Wagner basés en Libye ou des Émirats arabes unis via le Tchad. Selon les recherches du New York Times Depuis des mois, des armements en provenance des Émirats arrivent aux RSF au Darfour via l’aéroport tchadien d’Amdjarass. Officiellement, les Émirats aident le Tchad avec des véhicules militaires pour le contrôle des frontières et l’aide aux réfugiés du Darfour.

La percée de RSF coïncide avec la perspective d’une reprise des négociations entre l’armée soudanaise et RSF dans la ville portuaire de Djeddah, en Arabie Saoudite, qui s’étaient soldées par un échec en juin. Mercredi soir, les deux parties ont déclaré leur volonté de tenir de nouveaux pourparlers sous les auspices saoudiens et américains et les premiers contacts ont eu lieu jeudi. Des médiateurs africains y participent également.

Les résultats ne sont pas encore disponibles, mais comme la dernière fois, il s’agira d’un cessez-le-feu humanitaire et d’une aide humanitaire sans entrave. Selon l’ONU, le Soudan connaît aujourd’hui la crise des réfugiés la plus dramatique au monde, avec environ 1,2 million de réfugiés à l’extérieur du pays et 5,6 millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays, et un effondrement presque complet de tous les soins médicaux.