La guerre dans l’est du Congo s’intensifie, l’aéroport de la mégapole de Goma est touché par des drones. Le Congo et le Rwanda discutent de désescalade.
KAMPALA | « Samedi à 2 heures du matin, un drone de combat lancé depuis le territoire rwandais a violé les frontières nationales de la République démocratique du Congo. » a déclaré l’armée du Congo samedi à Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu. « L’avion n’a pas été touché, mais les avions civils qui se trouvaient à proximité ont été touchés », a indiqué le porte-parole de l’armée.
La guerre dans l’est de la République démocratique du Congo, dans laquelle l’armée congolaise, aux côtés de milices alliées et de troupes d’intervention du Burundi et d’Afrique australe, combat contre l’armée rebelle M23 (Mouvement du 23 mars) soutenue par le Rwanda, continue de s’intensifier. Il n’y a pas eu jusqu’à présent d’attaque directe contre l’aéroport international de Goma, où est basée, entre autres, la mission de maintien de la paix de l’ONU dans la région. Ni la Mission de l’ONU Monusco, ni le Rwanda, ni le M23 n’avaient commenté l’incident dimanche.
Les diplomates et les analystes craignent désormais encore plus qu’auparavant une extension régionale du conflit. L’ambassade des Pays-Bas a demandé à ses ressortissants de quitter Goma pour des raisons de sécurité : de nombreuses organisations humanitaires internationales sont stationnées dans la ville, aux alentours où fuient des centaines de milliers de personnes.
Le M23 a désormais complètement encerclé Goma, prenant le contrôle et bloquant toutes les routes d’accès. L’importante ville commerçante ne peut désormais être approvisionnée que par avion ou par bateau. En conséquence, les prix de la nourriture et de l’essence ont grimpé en flèche.
Chaque jour, de plus en plus de personnes originaires des zones contestées cherchent protection dans les camps de déplacés de Goma. On estime que la population a augmenté à plus de deux millions. Avec les attaques ciblées contre l’aéroport, les approvisionnements aériens sont désormais menacés, tout comme les soins humanitaires aux personnes déplacées.
L’Afrique du Sud envoie des milliers de soldats
En réponse, la mission de l’ONU au Congo (Monusco) a renforcé ses positions autour de Goma ce week-end. Elle opère aux côtés de l’armée congolaise. Leur force de réaction rapide FIB, fournie par l’Afrique du Sud, le Malawi et la Tanzanie, était positionnée pour lutter activement contre le M23 s’il avançait davantage.
Il y a une semaine, le gouvernement sud-africain a annoncé qu’il enverrait 2 900 soldats supplémentaires en RDC dans le cadre d’un mandat de la SADC (South African Development Community) pour soutenir l’armée congolaise. Les premiers soldats sud-africains avaient à peine atteint le front qu’ils subissaient déjà des pertes : deux soldats morts dans une attaque du M23 au nord-ouest de Goma ont été transportés par avion vers l’Afrique du Sud jeudi dernier.
Pour discuter de la situation, huit chefs d’État, dont le Congolais Félix Tshisekedi et le Rwandais Paul Kagame, se sont rencontrés ce week-end en marge du sommet de l’Union africaine (UA) à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne. Ils se sont rencontrés grâce à la médiation du président angolais Joao Lourenço, qui joue le rôle de médiateur depuis le début de la nouvelle guerre dans l’est du Congo en 2021.
Selon la présidence congolaise, « le retour à un dialogue constructif et conciliant » entre le Congo et le Rwanda ainsi que « la cessation immédiate des hostilités » et « le retrait immédiat du M23 des territoires occupés » ont été évoqués.
Le ministre rwandais des Affaires étrangères, Vincent Biruta, a toutefois critiqué dans une lettre adressée au Conseil de sécurité de l’ONU que le projet de la Monusco de soutenir activement les troupes de la SADC actuellement stationnées dans l’est du Congo contre le M23 conduirait à une « nouvelle escalade du conflit ».