| Les pourparlers de paix entre le Pakistan et l’Afghanistan à Istanbul ont échoué après quatre jours de négociations. Tôt mercredi matin, le ministre pakistanais de l’Information, Attaullah Tarar, en a imputé la responsabilité au régime taliban afghan. Dans un article sur X, il a déclaré que le gouvernement de Kaboul avait refusé de prendre des mesures contre les groupes extrémistes.
Le gouvernement d’Islamabad accuse les talibans afghans de fournir un abri aux talibans pakistanais (TTP), leur permettant ainsi de mener des attaques terroristes contre le Pakistan. Les talibans afghans l’ont toujours nié et ont toujours décrit les problèmes de sécurité du Pakistan comme un problème de politique intérieure.
Les talibans afghans et pakistanais sont organisationnellement distincts mais partagent la même idéologie islamiste. Il ne fait aucun doute parmi les observateurs que les dirigeants du TTP sont au moins temporairement en Afghanistan et planifient des attaques encore et encore à partir de là.
À l’inverse, le Pakistan lui-même est le berceau des talibans afghans et a accueilli leurs dirigeants pendant des années. De 2001 à 2024, Islamabad a contrecarré les gouvernements afghans d’Hamid Karzai et d’Ashraf Ghani ainsi que l’intervention militaire internationale menée par les États-Unis.
Les talibans afghans refusent la pression pakistanaise
Cependant, depuis le retour au pouvoir des talibans afghans en 2021, salué par Islamabad, les relations bilatérales se sont détériorées. Les talibans, nationalistes et fiers, refusent de danser sur l’air d’Islamabad. Islamabad a tenté de faire pression sur Kaboul en expulsant plus d’un million de réfugiés afghans, dont certains vivaient au Pakistan depuis des décennies. Plus récemment, Islamabad a été agacé par le rapprochement de Kaboul avec l’Inde, l’ennemi juré du Pakistan.
Tarar accuse désormais les talibans d’être indifférents aux pertes du Pakistan dans la lutte contre les terroristes. C’est pourquoi les pourparlers d’Istanbul, heureusement négociés par la Turquie et le Qatar, n’ont abouti à « aucune solution pratique ».
Des combats militaires transfrontaliers ont éclaté entre les États voisins d’Asie du Sud le 11 octobre. Islamabad a tenté de tuer les dirigeants du TTP dans la capitale afghane avec des roquettes qui auraient été tirées depuis le Pakistan sur Kaboul.
Après des combats qui ont fait plusieurs dizaines de morts des deux côtés, les gouvernements se sont dans un premier temps mis d’accord sur un cessez-le-feu au Qatar le 19 octobre. Les prochains pourparlers d’Istanbul devraient apporter une solution durable.
Pas plus tard que le week-end dernier, selon l’armée pakistanaise, 30 personnes ont été tuées dans des combats à la frontière, dont 5 soldats pakistanais et 25 combattants présumés du TTP.
Accusations mutuelles
Il n’y a eu initialement aucune réaction de la part de Kaboul aux allégations de Tarar. Mais ces derniers jours, les médias d’État contrôlés par les talibans afghans ont imputé au Pakistan l’absence de progrès dans les négociations.
Au début de la semaine, le président américain Donald Trump a déclaré lors du sommet de l’ASEAN à Kuala Lumpur qu’il pourrait mettre fin rapidement au conflit. Il a récemment demandé que la base aérienne afghane de Bagram, au nord de Kaboul, soit restituée à l’armée américaine, ce que personne dans la région ne soutient.
Mercredi, le ministre pakistanais de la Défense, Khawaja Asif, a déclaré que si nécessaire, le Pakistan pourrait vaincre le régime taliban. Il a accusé les saints guerriers autoproclamés de transformer leur pays en cimetière pour leur propre peuple. Bien que l’armée de la puissance nucléaire pakistanaise soit supérieure à celle des talibans, les États-Unis n’ont pas réussi à les vaincre.
Les observateurs soulignent que les talibans pachtounes n’ont pas voulu céder aux pressions extérieures, voire militaires, dans le passé. En 2001, après les attentats terroristes du 11 septembre 2001, ils ont refusé d’expulser les dirigeants d’Al-Qaïda. Au contraire, la pression exercée par le Pakistan risque désormais de renforcer les talibans nationalistes au niveau national.