Le Brésil exige l’extradition des putschistes évadés d’Argentine et d’Espagne

Brasilia. Le juge de la Cour suprême du Brésil, Alexandre de Moraes, passe à l’offensive juridique dans l’analyse juridique de la tentative de coup d’État de l’année dernière. Il ordonne désormais l’extradition des accusés ayant participé à la tentative de coup d’État et qui ont réussi à s’enfuir vers l’Argentine et l’Espagne.

Le gouvernement brésilien compte sur la coopération de l’Argentine pour extrader les accusés. En juin déjà, le porte-parole du gouvernement argentin, Manuel Adorni, avait confirmé qu’il s’agissait simplement d’une « question juridique ».

Le Brésil peut s’attendre à ce que le ministère des Affaires étrangères du pays voisin accède aux demandes des autorités dès leur arrivée à Buenos Aires. Dans le même temps, Adorni a nié l’existence d’un « pacte d’impunité » ou d’un asile pour les personnes reconnues coupables ou faisant l’objet d’une enquête pour le coup d’État.

Selon le gouvernement argentin, plus de 60 Brésiliens accusés ont fui vers l’Argentine sans passer par les autorités frontalières. On pense que les évadés se sont cachés dans des voitures après avoir coupé leurs bracelets électroniques aux chevilles.

Il faudrait également demander à l’Espagne d’extrader un suspect. Il s’agit plus précisément du blogueur brésilien Oswaldo Eustáquio, accusé au Brésil non seulement du coup d’État, mais aussi de diffusion de fausses nouvelles et de messages antidémocratiques. Il aurait remis en question la fiabilité du système électoral brésilien à l’approche de l’élection présidentielle de 2022, au cours de laquelle l’ancien président Jair Bolsonaro brigue sa réélection.

Le juge Moraes avait déjà ordonné l’arrestation du blogueur en 2022. Cependant, son ordre ne fut jamais exécuté car Eustáquio quitta le pays et s’installa en Espagne. Ce cas d’extradition possible est également examiné par le ministère de la Justice.

Pour que l’extradition ait lieu, Moraes doit d’abord en informer le ministère de la Justice afin que les procédures puissent commencer. Le Département du recouvrement des avoirs et de la coopération juridique internationale examinera ensuite si l’affaire est compatible avec les traités internationaux. Le ministère des Affaires étrangères transmet le dossier et mène finalement les négociations avec les pays étrangers.

La justice brésilienne a déjà condamné plus de 200 personnes impliquées dans la tentative de coup d’État. Ils étaient accusés principalement d’organisation criminelle armée, de dommages matériels graves, de dommages au patrimoine historique, d’abolition violente de l’État de droit démocratique et de tentative de coup d’État. Ils ont été condamnés à des peines de prison pouvant aller jusqu’à 17 ans.

La tentative de coup d’État a eu lieu le 8 janvier 2023, peu après le remplacement de Bolsonaro à la présidence par Luiz Inácio Lula da Silva. Des milliers de partisans de Bolsonaro ont pris d’assaut la Place des Trois Pouvoirs à Brasilia et sont entrés par effraction dans le palais présidentiel, le Congrès et la Cour suprême.

L’ex-président d’extrême droite Bolsonaro fait désormais l’objet d’une enquête. Il est considéré comme un personnage clé présumé. Cependant, Bolsonaro nie qu’il s’agisse d’une tentative de coup d’État. Il s’est récemment prononcé en faveur du pardon à toutes les personnes impliquées dans les attaques contre les institutions.