Bogotá. Le 25 octobre, l’homme politique américain Michele Manatt a déclaré dans une interview accordée à la chaîne de télévision colombienne Noticias Caracol que l’inclusion récente du président colombien Gustavo Petro, de son épouse Verónica Alcocer, de son fils Nicolás Petro et du ministre de l’Intérieur Armando Benedetti sur la liste dite Clinton « ne respectait pas les protocoles établis ». Manatt a travaillé au sein du gouvernement américain sous l’administration de Bill Clinton et a participé à la création de la liste. Elle a expliqué que la mesure n’avait été appliquée initialement qu’après « des enquêtes approfondies et une coordination internationale ». Dans le cas présent, cependant, la décision semble être « motivée plus politiquement que techniquement ».
Le département du Trésor américain a annoncé le 24 octobre 2025 par l’intermédiaire de l’Office of Foreign Assets Control (OFAC) que Petro et son entourage proche seraient inclus dans le programme de sanctions. Ils sont accusés de « faciliter la propagation du trafic de drogue en Colombie ».
La Liste Clinton a été introduite en 1995 sous la présidence de Bill Clinton pour lutter contre le blanchiment d’argent et les réseaux internationaux de trafic de drogue. Les personnes ou entreprises figurant sur cette liste sont soumises à un gel de leurs avoirs aux États-Unis, à une interdiction des transactions financières avec des banques ou des entreprises américaines et à des restrictions d’entrée aux États-Unis.
Cette liste a eu un impact significatif en Colombie depuis les années 1990 : parmi les personnes concernées figuraient les frères Rodríguez Orejuela du cartel de Cali et des hommes d’affaires liés à ces groupes.
Cette décision exacerbe les relations déjà tendues entre Petro et l’ancien président Donald Trump, qui continue d’exercer une influence significative au sein du Parti républicain. Petro avait critiqué à plusieurs reprises les Etats-Unis pour leur « soutien au génocide à Gaza » et pour leurs « attaques militaires » près des côtes vénézuéliennes et colombiennes, qui, selon lui, pourraient constituer « une préparation à une intervention militaire en Amérique du Sud pour s’emparer des réserves pétrolières ».
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Trump, à son tour, a accusé le président colombien de « complicité dans le trafic de drogue » et a préconisé des sanctions et des restrictions à la coopération bilatérale.
Petro a rejeté ces allégations comme étant « sans fondement et dangereuses » et a déclaré que son gouvernement avait « saisi plus de cocaïne que tout autre gouvernement colombien de mémoire récente ». Il a également annoncé qu’il intenterait une action en justice aux États-Unis pour contester les sanctions.
Pendant ce temps, Petro reçoit du soutien dans son propre pays. Environ 2,7 millions d’électeurs ont participé à l’enquête interne de son mouvement politique Pacto Histfórico, qui a eu lieu le 26 octobre 2025. Petro a considéré cette participation comme un « signe de soutien face à la pression internationale ».
Plusieurs responsables politiques latino-américains et américains ont également critiqué cette sanction. Les présidents Lula da Silva (Brésil) et l’ancien président Evo Morales (Bolivie) l’ont condamné comme une « ingérence dans les affaires intérieures de la Colombie ».