La libération de dizaines de prisonniers palestiniens est célébrée en Cisjordanie. Dans le même temps, les violences y continuent.
BERLIN | Alors que le bus de la Croix-Rouge arrive à Al Bireh, une ville de Cisjordanie limitrophe de Ramallah, des acclamations éclatent : des vidéos montrent des hommes, des jeunes hommes et femmes masqués brandissant le drapeau vert du Hamas. Le drapeau palestinien et celui du Fatah flottent également dans les rues. Vendredi soir et dimanche soir, Israël a libéré 39 prisonniers palestiniens, exclusivement des femmes et des mineurs, des prisons israéliennes. Ces libérations font partie du cessez-le-feu initial de quatre jours et interviennent en échange de la libération des otages israéliens kidnappés par le Hamas dans la bande de Gaza le 7 octobre.
Les 78 prisonniers palestiniens libérés jusqu’à présent vivent tous soit en Cisjordanie, soit à Jérusalem-Est. Le ministre israélien de la Sécurité nationale, d’extrême droite, Itamar Ben-Gvir, avait précédemment ordonné que d’éventuelles célébrations pour la libération des prisonniers en Israël soient interrompues – les foules à Jérusalem-Est ont été dispersées par les forces de sécurité.
Les personnes libérées sont exclusivement des prisonnières de sexe féminin et mineures. Certains d’entre eux ont été légalement reconnus coupables, d’autres sont en détention administrative. En Cisjordanie, les Palestiniens peuvent être placés en détention administrative si l’armée israélienne soupçonne un risque pour la sécurité. La durée maximale de détention est de six mois, mais peut être prolongée à volonté et sans procès.
De nombreuses ONG, notamment israéliennes, critiquent cette forme de privation de liberté ; aussi parce que les détenues n’ont pas la possibilité de se défendre légalement en raison de l’absence de charges retenues contre elles. Parmi les personnes libérées se trouve Shuruk Dwajat, qui a purgé la peine la plus longue parmi les prisonnières palestiniennes dans les prisons israéliennes. Elle aurait poignardé un Israélien à la tête et à l’épaule avec un couteau en octobre 2015 lors de la vague d’attaques contre des Israéliens dans la vieille ville de Jérusalem, également connue sous le nom d’« Intifada au couteau ».
Exécution publique
Selon le quotidien israélien, Israël refuse de libérer les prisonniers reconnus coupables de meurtre. Toutefois, les personnes reconnues coupables de tentative de meurtre pourraient être libérées, tout comme celles emprisonnées pour des activités terroristes ou des délits moins graves. Il s’agit par exemple d’endommager des biens, de jeter des pierres, d’attaquer des policiers, de lancer des bombes incendiaires et de posséder des armes à feu ou des explosifs.
Alors que les Palestiniens célébraient la libération à Ramallah, les médias ont rapporté qu’un groupe terroriste affilié aux Brigades des Martyrs d’Al-Aqsa du Fatah avait exécuté publiquement deux hommes qu’ils accusaient de collaborer avec Israël. Comme l’ont rapporté des témoins oculaires anonymes, les deux hommes ont d’abord été abattus dans la rue du camp de réfugiés de Tulkarem, au nord de la Cisjordanie.
Ils ont ensuite été piétinés par les habitants du camp. Une foule de personnes peut être vue sur Twitter regardant des hommes tenter de suspendre les corps à un poteau électrique. Sept Palestiniens, dont deux adolescents, ont été tués dimanche matin lors d’un raid de l’armée israélienne à Jénine.