Aide militaire à Israël : pas inconditionnelle

Netanyahu veut envoyer des troupes terrestres dans la ville frontalière peuplée de Rafah. De simples avertissements de Washington et de Berlin ne le dissuaderont guère.

Malgré toute la sympathie pour le pays, qui a dû se battre pour sa propre existence depuis sa fondation, la menace d’avancée des troupes terrestres israéliennes dans la ville frontalière de Rafah inquiète à juste titre les gens du monde entier. L’Espagne, la Belgique et les Pays-Bas ne veulent plus fournir d’armes à Israël. Les États-Unis, qui devraient au moins restreindre les exportations d’armes, auraient sans aucun doute une plus grande influence, estime le représentant de l’UE aux Affaires étrangères, Josep Borrell.

Pour l’instant, le président américain Joe Biden ne parvient pas à s’entendre sur les conditions de livraison. Au lieu de cela, il appelle à un « plan crédible pour la sécurité et le soutien » des civils dans le sud de la bande de Gaza. Et la ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock s’est également limitée à mettre en garde contre une « catastrophe humanitaire aux conséquences imminentes », comme si elle n’existait pas déjà. Ce n’est que récemment que l’Allemagne a augmenté ses livraisons d’armes à Israël – sans aucune condition.

Ce n’est pas une démarche très convaincante si l’on veut faire pression sur Jérusalem. Personne ne devrait s’attendre à ce que les avertissements suffisent à eux seuls à empêcher le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu de lancer une offensive terrestre. Il fait ce qu’il veut.

Il existe un droit d’Israël à la sécurité, en particulier pour les habitants des kibboutzim situés le long de la frontière avec la bande de Gaza, qui ne peut être garanti à long terme que si le Hamas est mis à genoux. Il est clair que la République fédérale ne peut faire aucun compromis sur ce point. Mais il y a aussi le droit à la vie des Palestiniens dans la zone contestée. Israël doit combattre les terroristes, mais pas par tous les moyens.

Selon l’ONU, le bilan dans la bande de Gaza s’élève à plus de 28 000 morts, parmi lesquels, bien entendu, de nombreux terroristes. En calculant sur la durée actuelle de la guerre, on dénombre chaque jour 213 morts. Une offensive terrestre à Rafah menace de dépasser considérablement cet équilibre. Il n’y a pour l’instant aucun signe de déploiement de troupes. Il semble qu’une fenêtre d’opportunité soit encore ouverte.