« Congrès palestinien » à Berlin : pas de scène pour la haine

Les critiques se multiplient à l’approche du « Congrès sur la Palestine » prévu à Berlin. Le Sénat veut l’interdire, les experts mettent en garde contre un antisémitisme ouvert.

BERLIN | Les groupes anti-israéliens et glorifiant le terrorisme ont appelé à un « Congrès palestinien » national à Berlin du 12 au 14 avril. L'événement suscite déjà l'enthousiasme de par son contenu et ses participants.

Parmi les organisateurs figurent des groupes proches du mouvement de boycott d’Israël BDS, comme « Palestine Speaks », « BDS Berlin » ou « Voix juive pour une paix juste au Moyen-Orient ». L'association anti-israélienne est isolée au sein de la communauté juive et se fait remarquer à plusieurs reprises en banalisant le terrorisme à propos du 7 octobre.

Il est également apparu par le passé en association avec le groupe Samidoun, interdit en Allemagne après l'attentat terroriste du Hamas qui a tué des centaines de personnes en Israël. Samidoun est proche de l'organisation terroriste palestinienne FPLP.

Les organisateurs du « Congrès palestinien » accusent Israël d’« apartheid » et de « génocide » à Gaza et les accusent de « complicité allemande ». Lors d'une réunion préparatoire interne, il a été déclaré que le « blocus médiatique » en Allemagne devait être rompu avec les intervenants étrangers. En outre, la « résistance » contre « l’occupation d’Israël » est généralement considérée comme légitime.

Le lieu est secret

Lors de cet événement, des milliers d’opposants à Israël devraient exprimer leur solidarité avec la Palestine et adopter une résolution ensemble. Il devrait formuler la vision d'une Palestine du fleuve à la mer, c'est-à-dire une Palestine qui s'étend sur toute la superficie d'Israël d'aujourd'hui ainsi que sur la Cisjordanie et la bande de Gaza. Il n’y aurait plus de place pour l’État juif. Selon les organisateurs, le congrès affiche déjà complet. Pour l’instant, ils gardent le lieu secret.

Kim Robin Stoller, experte en antisémitisme

« Le Congrès est un catalyseur de l’antisémitisme, de la haine d’Israël et de la promotion de l’islamisme et du terrorisme. »

Selon Kim Robin Stoller, présidente de l’Institut international de recherche sur l’éducation, le social et l’antisémitisme (IIBSA), le congrès rassemble des « gauchistes sectaires » et des personnes ayant des contacts avec les cercles de soutien du Hamas et des Frères musulmans. « Je suppose que le congrès agira comme un catalyseur de l’antisémitisme, de la haine d’Israël et du plaidoyer en faveur de l’islamisme et du terrorisme », a-t-elle déclaré au .

Selon Stoller, se rassemblent également au congrès des personnes et des groupes « qui ont qualifié le 7 octobre de 'résistance' et ceux qui y ont participé comme des 'guérilleros' qui sont 'sortis de leur ghetto' ou qui ont eu des contacts dans le passé avec des membres d'organisations terroristes. ou le Hamas ou le FPLP avaient un large éventail de partisans.

Le président nie les violences sexuelles systématiques perpétrées par le Hamas

Par exemple, l’auteur et historien Salman Abu Sitta, qui figure parmi les intervenants. S’il avait été plus jeune et vivait encore dans le « camp de concentration de Gaza », il aurait pu faire partie de ceux qui ont franchi la clôture le 7 octobre, écrivait-il en janvier. Il a qualifié la violence sexuelle systématique perpétrée par les terroristes palestiniens du Hamas et la décapitation de bébés le 7 octobre de désinformation et de calomnie.

En 2018, Abu Sitta a été nommé président de la Conférence populaire pour les Palestiniens de l’étranger (PCPA). L'organisation est composée, entre autres, de structures et de personnes politiquement proches du Hamas et des Frères musulmans ou sympathisantes avec eux.

L'un de ses dirigeants, Majid Alzeer, a été identifié comme membre du Hamas en 2011. Après l'annonce de l'interdiction des activités du Hamas en Allemagne l'année dernière, une perquisition a été effectuée à Alzeer en décembre. Les autorités de sécurité allemandes estiment donc qu'il joue un rôle central dans le réseau du Hamas en Allemagne.

En novembre, peu après le massacre du 7 octobre, la Conférence populaire des Palestiniens de l’étranger s’est prononcée en faveur du soutien à « la résistance », c’est-à-dire à la terreur du Hamas. Israël a déjà classé l’organisation comme organisation terroriste en 2021.

Perquisitions au domicile des organisateurs

Sur la liste des orateurs du « Congrès palestinien » figure également le docteur Ghassan Abu Sitteh. Sur Instagram, il a notamment diffusé le récit antisémite du « meurtrier d’enfants Israël ». L’armée israélienne tue délibérément des enfants palestiniens dans sa « guerre génocidaire » parce qu’ils constituent « une menace mortelle pour le projet sioniste ».

Une enquête est actuellement en cours contre deux personnes du groupe d'organisation d'événements. Le parquet de Berlin l'a annoncé à la demande du . L’accusation est donc une tentative de contrainte. Il n’y a aucun lien entre les recherches et le « Congrès palestinien », indique-t-on.

Comme indiqué pour la première fois, la maison des militants Salah Said et Yasemin Acar a été perquisitionnée vendredi. Des téléphones portables et autres supports de données auraient été confisqués.

Said a rapporté sur Instagram qu'il s'agissait de la troisième recherche en quelques mois seulement. Il doit donner un atelier au « Congrès de la Palestine ». Saïd a récemment partagé la propagande du Hamas sur Instagram, affirmant que l'otage israélien Yagev Buchshtav était mort de faim parce qu'Israël affamé la bande de Gaza et ne permettait pas l'entrée de fournitures médicales. Le Hamas utilise à plusieurs reprises ces allégations comme une guerre psychologique.

Le Sénat veut prendre des mesures contre le Congrès

Le Sénat veut imposer une interdiction ou au moins une restriction au Congrès. Le secrétaire d'État à l'Intérieur Christian Hochgrebe (SPD) l'a annoncé la semaine dernière devant la commission de l'Intérieur de la Chambre des représentants. On examine également s'il existe des liens avec le groupe interdit Samidoun, affilié au FPLP.

Le « Mémorial du Förderkreis pour les Juifs assassinés d’Europe » avait également demandé une interdiction. Il considère l’événement comme « discriminatoire à l’égard de la communauté juive et portant atteinte aux valeurs fondamentales de notre société ».