Continuité éternelle

La terreur et le changement climatique affectent la population du Mozambique. Mais le Frelimo, au pouvoir depuis 1975, devrait cette fois aussi remporter les élections.

Maputo | Il y a plus de postes de contrôle militaires que d’habitude et une présence sécuritaire accrue, les frontières sont fermées et des couvre-feux nocturnes s’appliquent dans certaines régions du pays : si le Mozambique élit un nouveau président ce mercredi, de violents affrontements ne peuvent être exclus. La campagne électorale s’est déroulée dans le calme, mais le Mozambique est un pays qui sombre facilement dans le conflit.

La victoire de l’ancien mouvement de libération Frelimo (Front de libération du Mozambique), qui a obtenu l’indépendance du Mozambique du Portugal en 1975 et qui dirige le pays depuis lors, semble certaine. Le président sortant Filipe Nyusi, 65 ans, ne se représente pas après deux mandats, mais le nouveau chef du parti, Daniel Chapo, 47 ans, n’a pas grand-chose à craindre de ses adversaires.

L’ancien mouvement rebelle Renamo (Résistance nationale mozambicaine) se présente à nouveau avec son leader Ossufo Momade, âgé de 63 ans, qui a perdu les dernières élections il y a cinq ans avec 21,5 pour cent des voix contre Nyusi avec 73,5 pour cent. Auparavant, avant la mort de son leader historique Afonso Dhlakama en 2018, la Renamo était heureuse de prendre les armes après les élections si elle était considérée comme victime de fraude électorale. Cela ne s’est plus produit depuis, mais Momade avait prévenu pendant la campagne : « Je n’accepterai pas la fraude. Nous ne sommes pas nés pour être dans l’opposition, nous voulons aussi gouverner.» Fin septembre, la commission électorale a fait état d’une cyberattaque.

Mais Chapo, le principal candidat du Frelimo, est confiant dans sa victoire. Il a même osé faire campagne dans la province de Gaza, où la Renamo a remporté 81 des 82 sièges du parlement provincial il y a cinq ans. « Le 9 octobre, nous voulons une victoire à 100 pour cent du Frelimo et de son candidat ! », a-t-il crié en se référant à lui-même.

Il est courant en Afrique australe que d’anciens mouvements de libération remportent les élections.

L’ascension du relativement jeune Chapo – qui, en cas de victoire, serait le premier président du Mozambique à naître après l’indépendance – a donné une nouvelle force au Frelimo, tandis que la Renamo s’en tient à sa vieille garde. Une nouvelle alliance d’opposition, le CAD (Alliance de Coalition Démocratique), s’est disloquée en interne et a été exclue des élections par la Cour Constitutionnelle en août. Désormais, seuls deux autres candidats se présentent face à Chapo et Momade : Lutero Simango, 64 ans, du petit MDM (Mouvement démocratique mozambicain) et Venâncio Mondlane, dissident indépendant de la Renamo, 50 ans.

Les changements de pouvoir sont rares en Afrique australe

Il est courant en Afrique australe que les anciens mouvements de libération au pouvoir remportent les élections. Non seulement au Mozambique, mais aussi en Angola, au Botswana, en Namibie, en Afrique du Sud, en Tanzanie et au Zimbabwe, les mêmes partis ont toujours gouverné depuis l’indépendance ou la démocratisation.

Les problèmes auxquels sont actuellement confrontés les 34,8 millions d’habitants du Mozambique sont immenses. Le pays espérait autrefois un boom grâce à la découverte de gisements de gaz naturel, mais il connaît aujourd’hui un boom des groupes terroristes islamistes qui se sont renforcés dans la région du gaz naturel et y combattent toujours contre l’armée mozambicaine et les troupes d’intervention alliées du Rwanda et du sud. Afrique.

La guerre menée par Ansar al-Sunna, allié des rebelles somaliens al-Shabaab, a contraint plus de 700 000 personnes à fuir dans la province de Cabo Delgado, au nord du pays, à la frontière avec la Tanzanie. Parmi les autres défis auxquels sera confronté le prochain président du Mozambique, citons la hausse du chômage et des conditions météorologiques extrêmes de plus en plus fréquentes sous la forme d’ouragans et d’inondations, voire de sécheresses.