Crise économique à Cuba : le Conseil des ministres décide de nouvelles mesures

La Havane. Le Conseil des ministres cubain a analysé la situation économique et décidé de nouvelles mesures. L’économie de l’île dirigée par les socialistes traverse depuis quatre ans une grave crise, qui s’est récemment traduite principalement par l’inflation et le manque d’énergie.

Depuis le début de l’année, le gouvernement tente de contrecarrer cette situation avec un « programme de stabilisation macroéconomique » qui vise, entre autres, à réduire le déficit budgétaire élevé de 18 pour cent.

Après une année 2023 clôturée par une récession de 2 %, le premier semestre 2024 n’a pas non plus répondu aux attentes. Le Premier ministre Manuel Marrero a parlé d’un « scénario complexe que nous vivons ». Il a utilisé la métaphore de « l’économie de guerre » (economía de guerra) inventée par le président Miguel Díaz-Canal en décembre 2023, à laquelle les dépenses publiques devraient s’adapter cette année.

La grave pénurie de devises étrangères due à la lente reprise du tourisme et aux sanctions américaines en cours a considérablement restreint la flexibilité financière du gouvernement. La recentralisation de certaines dépenses publiques, qui seront revues mensuellement à l’avenir, vise à utiliser les fonds existants de la manière la plus efficace possible. En outre, l’intégration des secteurs public et privé devrait créer de nouvelles synergies pour une production plus locale et la substitution des importations.

Dans le cadre du programme d’ajustement, les prix des carburants et des produits du tabac ont été augmentés et de nouveaux droits d’importation ont été introduits au début de l’année. Dans le même temps, les salaires dans les secteurs de l’éducation et de la santé ont augmenté.

La vice-ministre cubaine de l’Économie, Mildrey Granadillo de la Torre, a annoncé lors de la réunion une nouvelle politique de prix « uniforme » qui s’appliquera à la fois au secteur public et aux entreprises privées. Comme première mesure dans ce domaine, le 1er juillet, les marges bénéficiaires des entreprises publiques qui vendent des marchandises au secteur privé ont été limitées à 30 pour cent. L’objectif est de lutter contre la corruption dans le commerce extérieur et de réduire les coûts pour les consommateurs.

Les plafonds temporaires de prix pour six produits de base, qui auraient dû entrer en vigueur au même moment pour le secteur privé, ont été reportés. Comme l’a expliqué la vice-ministre des Finances Lourdes Rodríguez, les échanges en cours avec les acteurs privés se poursuivront afin de « parvenir à un consensus équitable pour les commerçants et les consommateurs ». Les économistes ont par le passé critiqué le plafonnement des prix pour son manque d’efficacité. C’est pourquoi, cette fois, le gouvernement semble chercher à procéder en étroite consultation avec les parties prenantes concernées.

Parmi les autres priorités mentionnées lors de la réunion figuraient la lutte contre la corruption et l’évasion fiscale. En outre, les relations entre l’État et le secteur privé devraient être mieux structurées, ce qui implique également une réforme des systèmes de planification. Cuba prévoit de restructurer le secteur public cette année avec une nouvelle loi sur les sociétés (« Ley de Empresas ») qui élargira le recours aux mécanismes de marché.