Une maquilleuse se précipite sur scène. D’une dernière touche de poudre, elle enlève les derniers éclats du front du président de la Commission électorale ivoirienne (CEI), Ibrahim Kuibiert Coulibaly, et du porte-parole de la CEI, Émile Ébrottie. Un autre regard inquisiteur dans la caméra, puis les deux se tournent vers les journalistes qui attendent.
Ce que Coulibaly a à dire ne surprend personne : Alassane Ouattara, président de la Côte d’Ivoire depuis 2011, dirigera pour la quatrième fois ce pays de la côte ouest de l’Afrique.
Selon les résultats préliminaires de la CEI, l’homme de 83 ans a été réélu avec 89,77 pour cent lors de l’élection présidentielle du 25 octobre en Côte d’Ivoire. « Un référendum historique ! », le parti au pouvoir RHDP a célébré la victoire de Ouattara, affirmant que la Côte d’Ivoire avait opté pour la continuité et le développement.
Le finaliste, Jean-Louis Billon, suit loin derrière avec 3,09 pour cent. Il s’agit d’un résultat clair – et pourtant ce n’est pas un mandat fondé sur un large soutien. 8,7 millions d’électeurs éligibles ont été appelés à exercer leur droit de vote. Cependant, seulement 50 pour cent d’entre eux se sont rendus samedi à un bureau électoral.
2010 encore en mémoire
« C’est une bonne participation pour la Côte d’Ivoire », estime Georges Ibrahim Toungara de la « Fondation pour la Démocratie et le Développement » (FDD). La fondation ivoirienne promeut l’éducation politique et a également effectué des observations électorales samedi.
Ce n’est qu’en 2010 que le taux de participation électorale a dépassé 80 pour cent, rapporte Toungara. L’année où Alassane Ouattara a été élu pour la première fois et le président sortant Laurent Gbagbo a tenté pendant des mois d’empêcher sa perte du pouvoir par la violence. Plus de 3 000 personnes sont mortes dans les émeutes et des conditions similaires à la guerre civile ont également prévalu pendant des mois dans la métropole économique d’Abidjan.
Le pouvoir explosif des élections de 2010 n’a pas été oublié à ce jour. De nombreuses personnes ont à peine quitté leur quartier le jour du scrutin, certains sont restés chez eux. Il y avait un vide inhabituel dans les rues d’Abidjan. Même si les choses sont restées calmes cette fois, la prudence s’est fait sentir samedi. Depuis lors, le taux de participation électorale oscille généralement entre 30 et 40 pour cent, ajoute Toungara.
Si la participation a été forte dans le nord, fief d’Alassane Ouattara, les bureaux électoraux de l’ouest et du centre du pays sont restés vides. Les deux régions sont fidèles aux partis des hommes politiques Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam. Dans une décision controversée, les politiciens de l’opposition ont été exclus de la candidature aux élections présidentielles et avaient demandé que cela se produise.
Paix et tranquillité le jour des élections
C’est pourquoi la situation est restée relativement calme le jour même du scrutin. Outre les retards dans l’ouverture des bureaux de vote, des tentatives ont été faites pour détruire le matériel de vote dans certaines localités.
La Commission ivoirienne des droits de l’homme, CNDH, a chiffré lundi à six le nombre de morts sur l’ensemble de la période électorale. Un chiffre relativement faible. La présidente du CNDH, Namizata Sangaré, s’est dite soulagée lors d’une conférence de presse que les élections se soient largement bien déroulées.
Le politicien de l’opposition Jean-Louis Billon a félicité le président Ouattara pour sa nette victoire électorale dimanche, et la candidate de l’opposition Simone Ehivet Gbagbot s’est également jointe aux félicitations après l’annonce des résultats. L’ancien porte-parole du gouvernement Ahoua Don Mello et l’ex-ministre de la Famille Henriette Lagou étaient également candidats.
Les résultats vont désormais être transmis à la Cour constitutionnelle ivoirienne. Celui-ci dispose de cinq jours pour vérifier et confirmer les résultats. On ne peut pas présumer qu’il y aura un défi.