En Guinée, pays d’Afrique de l’Ouest, le chef de la junte Mamadi Doumbouya se présentera à l’élection présidentielle du 28 décembre. Applaudi et acclamé par ses partisans, Doumbouya s’est présenté lundi pour remettre son dossier à la Cour suprême de Conakry.
L’armée dirige le pays depuis le coup d’État du 5 septembre 2021. Lorsqu’il a pris le pouvoir, l’homme de 40 ans avait initialement promis de ne prendre ses fonctions que de manière temporaire et de remettre le pouvoir à un gouvernement civil d’ici la fin 2024. Que Doumbouya soit désormais candidat n’est pas une surprise.
Le 21 septembre, Doumbouya a voté un référendum constitutionnel qui a notamment assoupli l’interdiction faite aux membres de la junte de se présenter aux élections présidentielles. Selon les informations officielles, cette proposition a été acceptée par 89 pour cent de la population.
L’opposition et la société civile ont critiqué le vote, le qualifiant de mascarade avec un résultat final prédéterminé et de préparation à la consolidation du pouvoir de Doumbouya, sans toutefois pouvoir obtenir grand-chose. À l’approche du référendum constitutionnel, trois des principaux partis d’opposition ont été suspendus pour trois mois chacun, plusieurs médias ont été censurés et une interdiction stricte de manifester a également été imposée. Les résultats d’une gouvernance de plus en plus autoritaire.
Les opposants exclus des élections
Les premières élections législatives et présidentielles depuis le coup d’État devraient avoir lieu en décembre, avec Doumbouya comme l’un des principaux candidats. Le pays, qui compte environ 14,8 millions d’habitants, appellera ensuite sa population aux urnes.
Parmi ceux qui ont également soumis leur dossier de candidature figurent la critique gouvernementale Faya Millimono, chef du Bloc libéral, et Makalé Camara, ancien ministre des Affaires étrangères et leader du Front pour l’alliance nationale (FAN). L’un des principaux opposants, l’homme politique Aliou Bah, est toujours en prison pour « insulte au chef de l’Etat ».
Bah avait dénoncé des cas de disparition forcée et avait été condamné à deux ans de prison. Deux grands partis d’opposition, le RPG Arc-en-Ciel et l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), ont également déjà été exclus des élections de décembre.
La caution extrêmement élevée pour la candidature à la présidentielle suscite également des critiques. Celui-ci a été fixé à 875 millions de francs guinéens (environ 100 000 dollars américains). Une somme qui fait qu’il est impossible pour de nombreux candidats de se lancer dans le ring. Même si le dépôt s’élevait à 800 millions de francs guinéens, même sous le président déchu Alpha Condé, on espérait que ce montant pourrait être réduit pour permettre une plus grande participation.
Doumbouya a renversé l’ex-président Alpha Condé en 2021 et a critiqué la corruption endémique, le mépris des droits de l’homme et la mauvaise gestion. Avant de prendre le pouvoir lors du coup d’État de 2021, Doumbouya était un soldat de rang intermédiaire. Sa carrière militaire de 15 ans comprend des déploiements en Afghanistan, en Côte d’Ivoire, à Djibouti et en République centrafricaine, ainsi que des missions de protection personnelle en Israël, à Chypre, au Royaume-Uni et en Guinée.