Grève générale en Guinée : morts et gaz lacrymogènes

Les syndicats guinéens se mobilisent contre le gouvernement militaire. Deux personnes meurent dans la capitale. La junte militaire nomme un nouveau Premier ministre.

CONAKRY | Une grève générale illimitée paralyse la Guinée depuis lundi. Au moins deux personnes ont été tuées jusqu'à présent dans des affrontements entre les forces de sécurité et des manifestants menés par la confédération syndicale CNTG dans la capitale Conakry.

Les violences se sont propagées dans toute la ville lundi soir. Il y a eu des barricades dans la rue principale Le Prince et des affrontements dans le quartier Sinfonia. Les forces de sécurité ont utilisé des gaz lacrymogènes et tiré à balles réelles sur les manifestants. « Après l'annonce du bilan des victimes, les affrontements pourraient s'intensifier », a indiqué un porte-parole du syndicat.

Le motif de la grève générale est la condamnation vendredi dernier du secrétaire général du syndicat des journalistes SPPG (Syndicat des professionnels de la presse de Guinée), Sekou Jamal Pendessa, à six mois de prison, dont trois avec sursis. L'appel à la grève avait été lancé la veille pour obtenir la libération de Jamal après que l'accusation ait requis une peine de six mois de prison lors de son procès.

Les syndicats réclament également une baisse des prix des denrées alimentaires de base et la fin des restrictions sur Internet en vigueur depuis plusieurs mois. Jamal a été arrêté et traduit en justice pour avoir appelé à manifester contre cette mesure. Les restrictions sur Internet ont été levées vendredi soir, mais l'appel à la grève a été maintenu. Cette idée est également soutenue par les partis d’opposition guinéens et les groupes de la société civile.

Banques, marchés, écoles, magasins et stations-service sont donc fermés depuis le début de la semaine. Il n'y a pas de transports publics et peu de services gouvernementaux, et les pénuries de carburant risquent de s'accentuer tant que la grève se poursuit. La grève générale a lieu malgré l'interdiction de manifester par le gouvernement militaire de Mamady Doumouya, qui dirige la Guinée depuis son coup d'État militaire en septembre 2021.

La semaine dernière encore, la junte militaire du CNRD a limogé tous les ministres civils et dissous le gouvernement du Premier ministre Bernard Goumou. Mardi soir, la junte a nommé l'économiste Amadou Oury Bah comme nouveau Premier ministre. Il doit désormais négocier avec les syndicats.