Guerre civile au Soudan : la médiation a échoué

Un sommet des États africains se termine par le retrait du Soudan de l’organisation régionale. Les efforts de paix au Soudan échouent.

BERLIN | Les efforts de médiation africaine pour mettre fin à la guerre civile au Soudan se sont soldés par un fiasco. Le gouvernement soudanais dirigé par le dirigeant militaire Abdelfattah al-Burhan a annoncé samedi qu’il se retirait temporairement et complètement de l’organisation régionale Igad (Autorité intergouvernementale pour le développement). Cette organisation fédère les États de la Corne de l’Afrique et tente depuis des mois, au nom de l’Union africaine (UA), de réunir autour d’une même table les parties à la guerre civile au Soudan.

Jeudi dernier, l’Igad a également invité le chef de la milice insurgée soudanaise Mohamed Hamdan Daglo, connu sous le nom de Hametti, à son dernier sommet à Kampala, la capitale ougandaise. Burham s’est alors tenu à l’écart du sommet et le Soudan a annoncé la suspension de sa participation à l’Igad.

A la fin de leur sommet, les États de l’IGAD ont appelé à un « cessez-le-feu immédiat et inconditionnel » au Soudan et ont donné à Burhan et Hametti un délai de deux semaines pour enfin se rencontrer. Le ministère soudanais des Affaires étrangères a fermement rejeté cette proposition car elle mettait les deux parties belligérantes sur le même plan. Il s’agit d’une « violation de la souveraineté du Soudan et d’une insulte envers les familles des victimes des atrocités commises par les milices insurgées », selon le communiqué.

En outre, la guerre au Soudan a été inscrite à l’ordre du jour du sommet sans consultation préalable avec le gouvernement soudanais, ce qui constitue une ingérence inacceptable dans les affaires intérieures. C’est ainsi que le ministère des Affaires étrangères de Khartoum a justifié le « gel » de l’adhésion du Soudan à l’Igad, déclaré par écrit samedi.

Les chiffres des décès sont considérés comme largement sous-estimés

À la mi-avril 2023, le vice-président soudanais Hametti et sa milice RSF (Forces de soutien rapide) ont lancé un soulèvement contre le gouvernement militaire soudanais dirigé par le président Burhan et l’armée qu’il commandait.

Les combats entre l’armée et les RSF ont depuis fait au moins 13 000 morts et 7,6 millions de réfugiés, selon les estimations de l’ONU. Le bilan des morts est considéré comme largement sous-estimé. Dans un nouveau rapport, encore inédit, les experts de l’ONU estiment que plus de 10 000 personnes sont mortes lorsque les RSF ont pris la ville d’El Geneina, dans la seule région du Darfour, à l’ouest du Soudan.

Le gouvernement soudanais le souhaite désormais, selon un rapport du service d’information en ligne Tribune du Soudan obtenir la classification des RSF comme organisation terroriste par le Conseil de sécurité de l’ONU. Cela signifie que toute nouvelle médiation politique, comme celle tentée par les États-Unis et l’Arabie Saoudite aux côtés de l’UA et de l’Igad, serait probablement exclue et que rien ne s’opposerait à une augmentation des armements internationaux des deux côtés.