Lutte contre la crise énergétique à Cuba : Une nouvelle loi responsabilise les grands consommateurs

La Havane. Le gouvernement cubain a adopté une nouvelle loi pour « contrôler et rendre plus efficace » la consommation d’électricité. Les grands consommateurs publics et privés ainsi que les coentreprises et les représentations étrangères sont concernés par la réglementation. À l’avenir, ils devront produire eux-mêmes une partie de leur énergie à partir de sources renouvelables ou verser des compensations correspondantes.

Les « grands consommateurs » sont définis comme les acteurs économiques et les institutions qui avaient une consommation mensuelle moyenne d’au moins 30 mégawattheures ou 50 000 litres de carburant en 2023. Ils disposent désormais de trois ans pour installer des sources d’énergie renouvelables avec lesquelles ils pourront produire au moins 50 pour cent de leurs besoins en électricité pendant les heures de pointe de la journée (de 11h00 à 13h00).

Cuba souhaite produire au moins 37 % de son électricité à partir d’énergies renouvelables d’ici 2030.

« Les nouveaux investissements réalisés aujourd’hui doivent nécessairement être réalisés avec des énergies renouvelables », a souligné la directrice de l’Office national pour l’utilisation rationnelle de l’énergie (ONURE), Leisy Hernández González. Car « avec la situation actuelle du réseau électrique national, il est impossible de continuer à supporter une charge qui aggraverait la situation d’approvisionnement de la population ».

Le décret annonce également l’introduction d’un tarif spécial, nettement plus élevé, pour la consommation d’électricité aux heures de pointe, qui n’est plus subventionné. Pour référence, « le coût réel de la production d’électricité avec du diesel au taux de change officiel approuvé par la Banque centrale de Cuba ». Le tarif s’applique «aux nouveaux investissements considérés comme de gros consommateurs, dès leur mise en service». Pour les gros consommateurs existants, les nouveaux tarifs n’entreront en vigueur qu’à partir de novembre 2027. Les entreprises de la zone économique spéciale de Mariel sont exclues.

Les différentes violations et sanctions auxquelles peuvent faire face les acteurs économiques étatiques et privés sont également précisées.

Il oblige également le ministre de l’Énergie et des Mines à proposer au Conseil des ministres un régime d’urgence spécial pour l’approvisionnement en électricité si « le système électrique national ne peut plus répondre à la demande avec la capacité disponible ».

L’urgence énergétique s’accompagne d’un certain nombre de mesures d’économies. Entre autres choses, les fournaises électriques et les systèmes de climatisation doivent être complètement éteints pendant les heures de pointe et les systèmes de climatisation doivent généralement être réglés à une température d’au moins 25 degrés. L’éclairage public ne sera activé que dans les zones prioritaires et les bureaux devront réduire l’éclairage intérieur de 50 pour cent. Les pompes à eau doivent cesser de fonctionner la nuit. Si nécessaire, un arrêt programmé des circuits peut également être réalisé au-delà d’un délai de 72 heures.

Comme le prévoit la loi, le Conseil des ministres dispose d’un délai de 48 heures pour se prononcer sur la proposition de déclarer l’urgence énergétique. En cas d’approbation, le ministre de l’Énergie informera les organes centraux de l’État et les administrations provinciales dans les 24 heures. En parallèle, l’ONURE veille à ce que le régime d’urgence soit rendu public à l’échelle nationale par l’intermédiaire des conseils régionaux de l’énergie et des organisations municipales.