Buenos Aires. Mercredi, les manifestations annoncées en faveur des universités publiques ont eu lieu à Buenos Aires et dans d’autres villes. La protestation était dirigée contre le veto du président sur le projet de loi de financement adopté par le Parlement (a rapporté America 21).
On estime que plus de deux millions de personnes sont descendues dans les rues à travers le pays, et près d’un million dans la capitale elle-même. Des manifestations et des rassemblements ont eu lieu dans de nombreuses capitales provinciales ainsi que dans des villes plus petites. Les organisations étudiantes (Federación Universitaria Argentina), le Conseil national interuniversitaire (CIN) et les syndicats de professeurs et d’employés ont lancé cet appel. Cet appel a été soutenu par les associations syndicales et les partis politiques.
De nombreuses personnalités politiques et sociales y ont participé, parmi lesquelles des membres de partis politiques proches du gouvernement, comme l’ancien maire de Buenos Aires, Horacio Rodriguez Larreta, ou le député et leader du Parti radical (UCR), Martín Losteau. Bien entendu, des membres de l’opposition ont également défilé.
Le candidat défait à la présidentielle, Sergio Massa, y a participé et l’ex-présidente Cristina Kirchner a également fait une apparition lors de l’un des défilés qui s’est déroulé devant son bureau de la Fondation Patria. Sous son gouvernement, 18 nouvelles universités publiques ont été fondées, dont huit dans la grande région de Buenos Aires et le reste dans les provinces, dans le but exprès d’offrir un meilleur accès à l’enseignement supérieur à des zones jusqu’alors négligées. Immédiatement après son entrée en fonction, le gouvernement Milei a annulé cinq nouveaux projets universitaires déjà décidés.
Le président Milei n’a apparemment pas été impressionné par la manifestation. Le soir, il a fait publier son veto sur la loi de financement. Il a argumenté de la même manière que le veto sur l’ajustement des retraites : il n’y avait aucun financement pour cela dans le budget, cela entraînerait des problèmes techniques qui rendraient impossible une mise en œuvre ordonnée et cela aurait un impact négatif sur les objectifs politiques et économiques du gouvernement.
L’opposition a déjà annoncé vouloir annuler ce veto mercredi prochain. Cela nécessite les deux tiers des voix des parlementaires présents. Contrairement au vote contre le veto sur l’ajustement des retraites, il semble actuellement qu’ils pourraient obtenir ces votes. L’« opposition amicale » de l’Union Cívica Radical et même une partie du parti Propuesta Republicana, allié à Milei, ont également annoncé leur présence. Le gouvernement envisage donc de contester la loi par la voie judiciaire.
Ces derniers jours, des milieux proches du pouvoir ont tenté de discréditer l’appel à manifester. De nombreux rapports ont été diffusés sur des allégations d’utilisation abusive de l’argent des contribuables, de salaires excessifs, de prétendus « étudiants fantômes » et du refus des universités de se soumettre aux examens. Le président Milei lui-même a également participé sur Twitter et a affirmé que les manifestations faisaient partie d’une tentative de coup d’État et de l’obtention de privilèges illégaux.
Cette question préoccupe beaucoup le public : la société argentine est très fière de ses universités publiques. Des sondages récents menés dans ce contexte montrent un soutien largement majoritaire en faveur du projet de loi de financement et contre le veto présidentiel.
Les partis proches du gouvernement en sont également conscients, notamment l’UCR, fortement représentée parmi les représentants étudiants. Cependant, leur proximité avec le gouvernement a déjà eu un impact et lors des récentes élections à l’Université de Buenos Aires, plusieurs zones traditionnellement dominées par le Parti radical ont été attribuées aux péronistes ou à des représentants de partis de gauche.