Buenos Aires. Le gouvernement de Javier Milei a autorisé par décret l’entrée des forces militaires américaines en Argentine. Selon l’ordre, les troupes américaines doivent participer à « l’Opération Trident » (Operación Tridente) entre le 20 octobre et le 15 novembre. L’opposition critique le fait que Milei ait contourné l’approbation constitutionnelle du Congrès pour l’envoi de troupes étrangères.
L’opération se déroulera dans trois bases navales à Mar del Plata, Ushuaia et Puerto Belgrano et comprendra des exercices navals, aériens et d’infanterie. La participation de l’Argentine souligne son engagement en faveur de la stabilité régionale et de la sécurité internationale. Cela améliore également la réputation du pays en tant que partenaire des États-Unis. « Cela facilitera la participation des forces armées argentines aux futures opérations multinationales », indique le décret.
Les exercices militaires visent à échanger « des procédures, des techniques et des tactiques pour entraîner les forces spéciales » à opérer « dans des scénarios complexes qui nécessitent une coordination multinationale et une capacité de réponse immédiate ». Les processus de planification et de gestion des risques dans les opérations conjointes des forces spéciales argentines « dans le cadre d’opérations de combat et de mesures d’aide humanitaire dans des scénarios complexes sur l’eau et sur terre » doivent être améliorés.
Le gouvernement a justifié la publication du décret en invoquant une « situation exceptionnelle » qui rendait impossible le respect des mécanismes normaux d’adoption prévus par la Constitution. Cela a déclenché un débat public puisque l’article 75 de la Constitution argentine exige que le Congrès autorise l’admission de forces militaires étrangères sur le territoire argentin.
Cette approbation est intervenue quelques jours après que le président Donald Trump a promis un soutien financier de 20 milliards de dollars à Milei dans le contexte de la crise économique argentine. Le plan de sauvetage est également considéré comme un soutien au gouvernement Mileis à l’approche des élections législatives d’octobre, où la force politique du président argentin doit gagner après sa défaite aux élections régionales de Buenos Aires.
Les critiques considèrent donc la réglementation de Milei comme une contrepartie à l’aide financière américaine. Le maire d’Ushuaia, Walter Vuoto, a déclaré que la province de la Terre de Feu et les îles de l’Atlantique Sud n’étaient « pas une monnaie d’échange » pour les objectifs de la campagne de Milei. « Ils sont la porte d’entrée vers l’Antarctique, la zone qui protège nos revendications sur les Malouines et, plus important encore : notre maison », a déclaré Vuoto. « Nous n’abandonnerons pas notre souveraineté. »
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Le gouverneur de la Terre de Feu, Gustavo Melella, a également déclaré : « Nous continuons à céder notre souveraineté aux États-Unis, partenaire stratégique de la Grande-Bretagne ».
La population critique également le décret de Milei. Une enquête de l’institut de sondage Zuban Córdoba a révélé que 71 pour cent des 1.500 personnes interrogées s’opposaient à une base militaire américaine en Terre de Feu en échange d’un accord économique. 21 pour cent sont d’accord et 7,5 pour cent déclarent ne pas connaître la réponse.
Selon le journal argentin La Nación, l’autorisation de l’opération militaire américaine est intervenue alors que l’administration Trump a ravivé son intérêt pour le développement de la base navale intégrée ainsi que d’un centre logistique antarctique à l’extrémité sud du continent.
Cette année, le commandant du Commandement Sud des États-Unis (US-Southcom), Alvin Holsey, s’est rendu à deux reprises en Argentine. En avril, il se trouvait à la base militaire d’Ushuaia et, en août, il s’est dit préoccupé par la « menace croissante des organisations criminelles transnationales ». Les États-Unis ont déclaré que les revenus de ces structures s’élèvent à environ 358 milliards de dollars par an et proviennent de transactions illégales, notamment de drogue et d’armes.
Lors de cette visite en Argentine, Holsey a souligné l’importance d’une « coopération ferme » contre l’influence croissante de la Chine en Amérique du Sud et en Amérique latine dans son ensemble.
Par ce décret, Milei a également approuvé l’exercice militaire « Solidarité », qui aura lieu du 5 au 11 octobre en coopération avec les forces armées chiliennes dans la ville chilienne de Puerto Varas.