Point chaud du Moyen-Orient : la Turquie a les espions du Mossad dans sa ligne de mire

L’EI revendique la responsabilité de l’attaque en Iran. Mais la méfiance à l’égard d’Israël grandit dans la région, y compris en Turquie.

ISTANBUL | Après plusieurs semaines d’absence, la Turquie est désormais de nouveau au centre des efforts diplomatiques visant à contenir la crise au Moyen-Orient. Le président iranien Ebrahim Raisi avait effectivement prévu de se rendre à Ankara jeudi, mais celle-ci a été reportée en raison de l’attaque contre la cérémonie commémorative du général Quasim Soleimani, tué il y a quatre ans. Au lieu de cela, le secrétaire d’État américain Antony Blinken arrive, qui a entamé jeudi un nouveau voyage au Moyen-Orient pour explorer les options de désescalade.

Le contexte de ces activités est la crainte que la guerre entre Israël et le Hamas islamiste ne s’étende au-delà de Gaza à l’ensemble de la région. Les dirigeants iraniens en particulier sont confrontés à la question de savoir si et comment ils doivent réagir aux récentes activités d’Israël.

Premièrement, un général iranien a été tué la semaine dernière en Syrie, probablement responsable de l’approvisionnement de la milice chiite libanaise du Hezbollah, alliée de l’Iran, puis mardi soir, une frappe a eu lieu contre le député du Hamas, Saleh al-Aruri, à Beyrouth. Puis mercredi, il y a eu une attaque contre les cérémonies funéraires sur la tombe de Soleimani à Kerman, au cours de laquelle plus d’une centaine de personnes auraient été tuées.

Bien que l’auteur de l’attaque de Kerman soit totalement incertain, Israël est toujours accusé d’être responsable de l’attaque dans les rues d’Iran et dans les médias d’État concernés. Mardi dernier, peu avant l’attaque de Beyrouth mardi soir, le ministre turc de l’Intérieur, Ali Yerlikaya, a annoncé que les forces de sécurité turques avaient arrêté 33 personnes soupçonnées d’espionnage pour le compte des services secrets israéliens du Mossad dans le cadre d’une « opération Mole ». Des recherches sont toujours en cours pour retrouver 13 autres personnes.

La Turquie annonce la retraite du Hamas

Les personnes arrêtées sont accusées d’avoir participé à la préparation d’attentats et d’enlèvements contre des étrangers vivant en Turquie. En d’autres termes, ils sont soupçonnés de préparer des actions contre les membres du Hamas se trouvant en Turquie. Aucune information n’a été donnée sur la nationalité des personnes arrêtées. La Turquie est alarmée depuis que le chef du Mossad, David Barnea, a annoncé que les dirigeants militaires et politiques responsables du massacre du 7 octobre seraient tenus pour responsables, « peu importe où ils se trouvent ».

Outre le Qatar et le Liban, la Turquie est particulièrement connue comme un refuge pour les responsables du Hamas. Depuis lors, les services secrets turcs, le MIT, tentent de faire taire toutes les sources possibles du Mossad en Turquie. Le président Recep Tayyip Erdogan a menacé Israël de « conséquences très graves » si le Mossad pourchassait les membres du Hamas en Turquie. Il y a à peine deux jours, il prédisait qu’il y aurait « une opération insidieuse contre la Turquie et ses intérêts ».

Erdogan et le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan voudront désormais en parler avec le secrétaire d’État américain Antony Blinken. Hakan Fidan, qui a dirigé les services de renseignement turcs pendant près de 20 ans avant de devenir ministre des Affaires étrangères, a déclaré mercredi que le risque que la guerre à Gaza ne devienne une conflagration régionale « est réel ». Le Mossad n’est pas autorisé à mener d’autres actions contre le Hamas à l’étranger.