Processus de paix en Colombie : progrès dans les négociations entre le gouvernement et l’ELN

La Havane. Les délégations du gouvernement colombien et de la guérilla Armée de libération nationale (ELN) ont conclu le sixième cycle de pourparlers de paix à La Havane avec un accord sur la prolongation du cessez-le-feu terminé

Celle-ci est désormais valable jusqu’au 3 août et s’accompagne de l’assurance de l’ELN qu’elle ne procédera à aucune prise d’otages ni chantage pour la financer pendant cette période. L’ELN s’est également engagée à ne plus recruter d’enfants.

La Mission d’observation des Nations Unies et l’Église catholique sont chargées de contrôler le respect des accords.

Il avait déjà été convenu lors du dernier cycle de négociations que l’ELN s’abstiendrait à l’avenir de procéder à des enlèvements pour s’autofinancer. Cependant, un conflit est apparu entre les parties car l’ELN a interprété différemment le texte de l’accord. Cela a été confirmé par le négociateur en chef de la guérilla, Pablo Beltrán, affirmant que tant les « perceptions d’impôts dans les régions » que les enlèvements se poursuivraient « si nécessaire » et ne faisaient pas partie de ce qui avait déjà été convenu.

Dans le dernier accord, l’ELN s’est formellement engagée à « suspendre unilatéralement et temporairement les retenues à la source à des fins économiques ».

Les parties ont également convenu de créer un centre d’observation des structures paramilitaires. Il vise à « identifier les différentes formes de paramilitarisme en menant des études et enquêtes objectives et actualisées » sur toutes ses formes « afin de prendre des mesures pour éradiquer, vaincre et prévenir sa réapparition ».

Ce point de l’accord est notamment dû au fait que l’ELN et d’autres mouvements de guérilla de gauche justifient également leur poursuite de leurs activités en affirmant qu’ils sont menacés par le paramilitarisme de droite et qu’ils doivent défendre la population.

Les délégations ont également repris la proposition du président Gustavo Petro visant à créer un fonds pour le processus de paix afin de prévenir les enlèvements et autres crimes commis pour des raisons économiques.

La Fondation Pares a expliqué que ce fonds n’est pas destiné à financer l’ELN, mais « uniquement à financer des activités de paix ». Les dépenses seraient soumises à des règles strictes.

« Nous sommes responsables d’assurer une totale transparence dans la gestion de l’argent de ce fonds », a expliqué Beltrán. Il a exprimé ses inquiétudes concernant la corruption en Colombie et a critiqué le fait que les fonds pour la paix en avaient été lourdement affectés sous les gouvernements précédents.

Outre les pays garants Cuba, le Venezuela, la Norvège, le Brésil, le Mexique et le Chili, les pays qui soutiendront durablement le processus de paix, dont l’Allemagne, devraient également fournir des fonds. Des fonds proviendront également des Nations Unies.

Les délégations se sont mises d’accord sur des détails supplémentaires et un calendrier pour l’intégration de la population dans le processus de paix. L’année dernière, le Comité de participation a commencé à dialoguer avec tous les secteurs de la société – en particulier ceux qui ont été historiquement négligés – et à faire valoir leurs points de vue à la table des négociations afin de permettre la création d’un accord de paix inclusif.

Un accord final implique de façonner la communication sur ce qui a été décidé à la table de négociation. Un site Internet sera créé pour rendre le processus de paix transparent et un livre sur ce qui a déjà été convenu sera publié. À l’avenir, une stratégie de communication sera développée, incluant un concept éducatif pour créer une « culture de la paix ».

Les négociations à La Havane devraient entrer dans le prochain cycle en avril.