Sommet des ministres des Affaires étrangères du G20 au Brésil : Critique de l’incapacité à parvenir à la paix

Rio de Janeiro. Le Brésil a accueilli la réunion des ministres des Affaires étrangères du G20 représentant 85 pour cent de l’économie mondiale. À l’ordre du jour figuraient, entre autres, la réforme des organisations multilatérales souhaitée par les pays du Sud et les guerres dans la bande de Gaza et en Ukraine.

Parmi les autres priorités de la présidence brésilienne du G20 figuraient la lutte contre la faim, la pauvreté et les inégalités ainsi que les trois dimensions du développement durable : économique, sociale et environnementale.

S’agissant d’une simple réunion de discussion, aucune déclaration commune n’était prévue à la fin.

Le groupe comprend actuellement l’Afrique du Sud, l’Allemagne, l’Arabie saoudite, l’Argentine, l’Australie, le Brésil, le Canada, la Chine, la Corée du Sud, les États-Unis, la France, l’Inde, l’Indonésie, l’Italie, le Japon, le Mexique, la Grande-Bretagne, la Russie, la Turquie et l’Union européenne. ainsi que l’Union africaine.

A l’ouverture du sommet du G20, le Brésil a soulevé la question de l’incapacité des institutions multilatérales et du Conseil de sécurité des Nations Unies à faire la paix et a déploré leur inaction « inacceptable » face aux conflits à Gaza et en Ukraine.

Selon le ministre des Affaires étrangères Mauro Vieira, ces institutions ne sont pas suffisamment équipées pour faire face aux défis actuels. Son pays appelle à une « réorganisation profonde » du Conseil de sécurité, qui a échoué à plusieurs reprises à parvenir à un accord sur la guerre à Gaza. La veille, les États-Unis, le principal allié d’Israël, ont une nouvelle fois opposé leur veto à une résolution appelant à un cessez-le-feu immédiat dans la bande de Gaza.

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a rencontré le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva avant le sommet du G20 et a exprimé son mécontentement face à ses accusations de « génocide » dans les territoires palestiniens et à ses comparaisons avec le nazisme allemand. « Le ministre a soulevé la question et a clairement indiqué que nous n’étions pas d’accord avec ces déclarations », a déclaré un haut responsable du Département d’Etat américain.

Néanmoins, la réunion aurait montré « un soutien quasi unanime à la solution à deux États comme seule solution possible au conflit israélo-palestinien », comme l’a expliqué le ministre brésilien des Affaires étrangères. Il ne peut y avoir de paix ni de sécurité durable pour Israël si les Palestiniens n’ont pas une perspective politique claire pour construire leur propre État.

Il n’y a « pas eu d’unanimité immédiate », car tous les pays n’ont pas abordé la question, mais beaucoup ont exprimé leur soutien, a déclaré à l’AFP une source au ministère brésilien des Affaires étrangères.

Lula a également rencontré le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov après le sommet. Il a accusé les États-Unis de « manipuler l’économie mondiale » avec leur politique de sanctions. Lavrov a convenu que le Conseil de sécurité de l’ONU devait être réformé.

Concernant la situation économique, Lavrov a averti que la situation actuelle de l’économie mondiale est sérieusement déformée par les méthodes occidentales visant à punir ceux qui ne respectent pas ses règles. Les mesures utilisées par les États-Unis et leurs alliés pour « manipuler l’économie mondiale » sont de nature néocoloniale et servent à éliminer les concurrents. Les barrières érigées ont entravé les chaînes logistiques et financières établies, rendu la production plus coûteuse et rendu les services et les biens plus chers pour les pays en développement.

Concernant le Conseil de sécurité de l’ONU, le ministre russe des Affaires étrangères a déclaré : « Nous avons exprimé notre position selon laquelle le Conseil de sécurité devrait être réformé en s’attaquant à la plus grande injustice : la sous-représentation des pays en développement ».

Avant sa rencontre avec Lula, Lavrov a déclaré lors d’une conférence de presse qu’il n’y avait pas de propositions sérieuses des États-Unis sur la situation en Ukraine lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères. Son pays est ouvert aux discussions sur la stabilité stratégique. Cependant, un tel dialogue doit être « honnête et ne pas être le même vieux truc auquel les États-Unis sont habitués ».

Le sommet a été marqué par le fort engagement du gouvernement Lula en matière de politique étrangère. La réforme du Conseil de sécurité est l’une de leurs préoccupations centrales. En plus de proposer de revoir la composition et le droit de veto du Conseil, Lula a réitéré la nécessité d’un Conseil avec une présence permanente latino-américaine et africaine qui soit « plus pacifiste et ne fomente pas de guerres ».

La réunion des ministres des Affaires étrangères était la première depuis que le Brésil a pris la présidence du Groupe des 20 avec Lula en décembre dernier. Il occupera ce poste jusqu’en novembre, date à laquelle se tiendra le sommet des dirigeants du G20 à Rio de Janeiro.

À cette réunion, le président brésilien a également invité l’Égypte, le plus grand importateur mondial de blé et intéressé à déplacer des marchandises sans utiliser le dollar ni dépendre de la monnaie américaine, conformément à la politique de Lula. Le Brésil préparera à nouveau l’ordre du jour pour novembre.