Pour la première fois depuis 2005, un navire transportant des fournitures humanitaires est parti pour Gaza. Un corridor maritime devrait permettre de poursuivre l’acheminement de l’aide.
BERLIN | Après quelques jours de retard, le navire « Open Arms » a appareillé mardi de Chypre. 200 tonnes de nourriture, d'eau potable et de médicaments sont arrimées sur le remorqueur aménagé. Si tout se passe bien, le navire devrait arriver dans la bande de Gaza d’ici deux à trois jours. Les organisateurs ne veulent pas dire où exactement pour des raisons de sécurité. Il s'agirait de l'acheminement des premiers secours par voie maritime.
Selon le journal Internet israélien Temps d'Israël Il est censé arriver quelque part au nord de la bande côtière, sur une jetée construite à partir des décombres de bâtiments détruits. Les organisations non gouvernementales Open Arms, qui mènent effectivement des opérations de sauvetage en mer en Méditerranée avec son navire du même nom, et World Central Kitchen participent à l'organisation du transport de l'aide. Les secours seront distribués par l'ONG World Central Kitchen.
Le navire « Open Arms » est censé être le premier à appareiller pour fournir l’essentiel à la population de la bande de Gaza et améliorer la situation catastrophique de l’approvisionnement. Dans un effort commun, des ONG, l'UE, les États-Unis, les Émirats arabes unis et d'autres pays souhaitent établir un corridor maritime.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a évoqué mardi devant le Parlement européen un « signe d’espoir ». Selon von der Leyen, c'est la première fois depuis 2005 qu'un navire est autorisé à livrer de l'aide à Gaza. Tant qu’il n’existe pas de port dans lequel les grands navires peuvent entrer, des navires plus petits – tels que les « Open Arms » – seront utilisés. Les États-Unis envisagent de construire une jetée flottante au large de Gaza, où de gros navires pourraient également amarrer. Selon les médias, les premières livraisons du matériel nécessaire transitent actuellement par voie maritime depuis les États-Unis vers Gaza. Un millier de soldats américains devraient travailler sur la jetée dans les prochaines semaines.
Israël rejette les critiques
Le ministre israélien de la Défense, Yoaw Gallant, s'est prononcé dimanche en faveur du plan. L’initiative, a déclaré Gallant, est « conçue pour apporter une aide directement aux résidents, poursuivant ainsi l’effondrement du pouvoir du Hamas dans la bande de Gaza ». Toutefois, le moyen le plus efficace d’acheminer l’aide à la bande de Gaza reste la voie terrestre. Israël se défend contre les critiques selon lesquelles il n'autorise pas l'aide humanitaire. Depuis le début de la guerre, plus de 16 000 camions sont entrés dans la bande de Gaza et seulement 1,5 pour cent n'ont pas été immatriculés, selon l'autorité israélienne Cogat, chargée des contacts avec les Palestiniens et de l'aide humanitaire, sur X.
Mais les rapports d’Okha, le bureau des Nations Unies chargé de coordonner l’aide humanitaire, dressent un tableau différent. Selon Ocha, seuls 6 des 24 convois humanitaires prévus par les Nations Unies et ses organisations partenaires ont pu atteindre le nord de Gaza en février. En janvier, il y avait 9 convois. Selon Ocha, la baisse des livraisons d’aide rendues possibles est principalement due à une interruption des opérations. Cela s'est produit après qu'un convoi de nourriture ait été touché par des tirs israéliens alors qu'il attendait à un point de contrôle le 5 février. Le rapport fait également état de tentatives d'intimidation et de harcèlement contre des employés de l'ONU.
Ces derniers jours, les États-Unis ont multiplié les livraisons d’aide par voie aérienne. Les dangers d'une telle situation sont devenus évidents vendredi lorsque cinq personnes ont été tuées par un colis dont le parachute ne s'était pas ouvert. En outre, le transport aérien est considéré comme relativement inefficace : alors qu'environ 200 tonnes de fournitures de secours peuvent être livrées avec un convoi de camions, seules 6 tonnes peuvent être livrées par parachutage. Après cinq mois de guerre, la situation humanitaire dans le territoire palestinien est catastrophique. Selon le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies, les 2,4 millions de personnes qui y vivent sont au bord de la famine.