Appel du secrétaire général de l’ONU sur Gaza : lettre de feu pour la paix

Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a une fois de plus appelé à éviter une catastrophe humanitaire à Gaza. Israël réagit avec indignation.

BERLIN | Il s’agit d’une mesure extraordinaire choisie par le secrétaire général de l’ONU, António Guterres : dans une lettre adressée mercredi au Conseil de sécurité de l’ONU sur la guerre à Gaza, les Portugais invoquent l’article 99 de la Charte de l’ONU. Cela permet au secrétaire général de convoquer une réunion du Conseil de sécurité et de s’exprimer devant celui-ci sans avoir à être invité par un État membre. Habituellement, les membres du Conseil de sécurité décident de leur propre ordre du jour.

Dans sa lettre, Guterres a appelé les membres du Conseil de sécurité de l’ONU à faire pression pour empêcher une catastrophe humanitaire à Gaza : « Je réitère mon appel à la déclaration d’un cessez-le-feu humanitaire. » Il a condamné le massacre du Hamas en Israël le 7 janvier, puis a décrit les conditions de vie actuelles dans la bande de Gaza, où le système de santé s’effondre : « Nulle part à Gaza n’est sûr ».

Le Conseil de sécurité, l’organe le plus puissant de l’ONU, a déjà discuté à plusieurs reprises de la guerre à Gaza et a adopté une résolution à la mi-novembre dans laquelle ses membres appellent à un cessez-le-feu de plusieurs jours et à l’établissement de couloirs humanitaires. Ils ont également appelé à la libération de tous les otages encore détenus dans la bande de Gaza. Auparavant, certaines résolutions avaient échoué en raison du veto de l’un des cinq membres permanents.

L’article 99 ne donne pas à Guterres la possibilité d’amener le Conseil de sécurité à adopter une résolution. Compte tenu du droit de veto des États-Unis, il est peu probable qu’une résolution appelant à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza soit adoptée. Mais la symbolique qui se dégage de cette démarche est grande : « C’est un acte très dramatique, très fort, et nous espérons qu’il émeut les membres du Conseil de sécurité et la communauté internationale », a déclaré un porte-parole du secrétaire général.

L’article 99 a été invoqué pour la dernière fois il y a plus de 30 ans

L’article 99 a été invoqué pour la dernière fois il y a plus de 30 ans, pendant la guerre du Liban. Israël y voit donc une provocation : l’ambassadeur auprès des Nations Unies, Gilad Erdan, a condamné les actions de Guterres. Dans un message sur X (anciennement Twitter), il a qualifié la lettre de « preuve supplémentaire » de « la distorsion morale et des préjugés contre Israël » de Guterres. L’appel du secrétaire général à un cessez-le-feu, a déclaré Erdan, était « en réalité un appel à maintenir le règne de terreur du Hamas à Gaza ». Il a réitéré son appel à la démission du secrétaire général de l’ONU, en poste depuis 2017.

Les relations entre Israël et les Nations Unies sont tendues depuis longtemps. Israël accuse les Nations Unies de partialité. Selon l’ONG UN Watch, 15 résolutions traitaient l’année dernière d’Israël et de sa politique de colonisation. Treize autres résolutions concernaient le reste du monde. Plus récemment, une déclaration de Guterres fin octobre a provoqué une grande colère en Israël lorsqu’il a déclaré que l’attaque du Hamas « n’avait pas eu lieu en vase clos ». Peu de temps après, Guterres a été choqué d’apprendre qu’il avait des motivations antisémites.

L’UE augmente également la pression diplomatique pour mettre fin à la violence dans la bande de Gaza. Le gouvernement fédéral a annoncé qu’il préconiserait, pour la première fois dans l’UE, des sanctions contre les colons juifs radicaux en Cisjordanie occupée. Cette question sera abordée lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE lundi prochain, a annoncé mercredi un porte-parole du ministère des Affaires étrangères à Berlin. Ils suivent l’approche du gouvernement américain, qui a annoncé cette semaine des restrictions d’entrée contre les colons juifs extrémistes. Les colons idéologiques radicaux commettent de plus en plus de violences en Cisjordanie occupée ; Depuis l’investiture du gouvernement israélien d’extrême droite, qui comprend des colons de premier plan, la violence a de nouveau augmenté.

Parallèlement, Bruxelles envisage un programme de sanctions contre le Hamas. Les mesures devraient cibler davantage la finance et la désinformation, selon le journal. Le groupe militant a été désigné organisation terroriste par l’Union européenne en 2001. L’inscription sur la liste terroriste de l’UE entraîne le gel de tous les fonds et autres avoirs financiers d’une personne ou d’un groupe dans l’UE.