Après les élections au Cameroun : la contestation sur les résultats des élections s’intensifie

| Au Cameroun, la contestation autour de l’élection présidentielle du 12 octobre arrive à une conclusion dangereuse. L’alliance d’opposition autour d’Issa Tchiroma, principal opposant au président de longue date de 92 ans, Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, s’est retirée samedi soir de la commission électorale et l’a accusée de « falsifications flagrantes ». Cela signifie qu’il n’y aura pas de résultats officiels des élections acceptés par tous les partis.

La Commission électorale camerounaise est actuellement en train de fusionner les résultats individuels de tous les bureaux de vote, toujours d’un échelon administratif à l’autre supérieur. Comme le montre l’expérience de nombreuses élections africaines controversées, ces « compilations » sont le moment idéal pour la manipulation électorale, au cours de laquelle les résultats de certains bureaux de vote sont ignorés, modifiés ou complètement inventés.

Au niveau des dix régions du Cameroun, cinq régions étaient prêtes samedi – dont la région de l’Est, à la frontière avec la République centrafricaine, traditionnellement fief du président Biya, et le sud-ouest, à la frontière avec le Nigeria, fief des militants séparatistes anglophones, où le vote n’était pas possible dans une grande partie du pays. Comme le rapporte la radio française RFI, le représentant du FNSC (Front national pour le salut du Cameroun), alliance de Tchiroma, accuse la commission électorale d’avoir fabriqué de grandes quantités de voix supplémentaires pour Biya dans les deux régions du pays afin d’assurer la victoire électorale du président sortant.

Selon la loi, la commission électorale doit présenter un résultat définitif au plus tard deux semaines après le scrutin, soit au plus tard le dimanche 26 octobre. Selon les rapports camerounais, Biya est actuellement en tête dans les chiffres officiels avec 52 pour cent des voix, devant Tchiroma avec 38 pour cent. Dans les résultats individuels de 31 des 58 départements du pays diffusés par l’opposition, Tchiroma arrive en tête avec 49 pour cent des voix, devant Biya avec 37.

Rassemblements « contre la trahison électorale »

L’ancien ministre de longue date Tchiroma, qui s’est récemment séparé de Biya et est devenu le candidat commun de plusieurs partis d’opposition, s’est déclaré vainqueur des élections la semaine dernière et a appelé les forces armées à travailler avec lui. Son alliance FNSC prétend disposer des protocoles de résultats de 80 pour cent de tous les bureaux de vote et pouvoir en tirer sa nette victoire ; il veut maintenant les publier.

Au cours du week-end, des partisans de l’opposition se sont rassemblés dans plusieurs villes pour des manifestations pacifiques « contre la trahison électorale ». Principal adversaire de Biya lors des dernières élections, Maurice Kamto, qui a été cette fois exclu du scrutin pour des raisons techniques, a mis en garde vendredi soir contre « une montée dangereuse des tensions » dans le pays et a exigé que « les résultats officiels correspondent à la décision des électeurs ». Quiconque manifeste pacifiquement contre la fraude électorale doit être autorisé à le faire ; S’il y a une menace à l’ordre public, elle repose sur une tentative de manipulation du scrutin.