Brasilia. Le chef de l’État brésilien Luiz Inácio Lula da Silva a rétabli la Commission spéciale sur les décès et disparitions politiques (Comissão Especial sobre Mortos Desaparecidos Políticos, CEMDP). Ce faisant, il répond à une promesse de campagne et à une demande des victimes visant à ce que la reconnaissance et l’identification des morts pendant la dictature militaire (1964-1985) reprennent.
Un communiqué officiel indique que la commission va désormais reprendre ses travaux et « faire progresser la lutte pour la mémoire, la vérité et les réparations contre les régimes oppressifs ».
« Le rétablissement de la commission spéciale (…) est une étape importante vers la garantie de la mémoire, de la vérité et de la justice », a souligné le ministre des Droits de l’Homme et de la Citoyenneté, Silvio Almeida. Il a critiqué les travaux de recherche et d’identification des morts et disparus de la dictature, interrompus pendant deux ans et ordonnés sous le précédent gouvernement de Jair Bolsonaro (2019-2022).
Une nouvelle composition des sept sièges de la CEMDP a déjà été définie. L’ordre de Lula a destitué les quatre membres nommés par Bolsonaro. La procureure régionale Eugênia Augusta Gonzaga, qui a occupé ce poste jusqu’en 2019, a été reconduite dans ses fonctions de présidente.
La professeure Maria Cecília de Oliveira Adão occupera le poste de représentante de la société civile, l’avocat syndical Rafaelo Abritta représentera le ministère de la Défense et la députée Natália Bastos Bonavides occupera le siège réservé à la Commission des droits de l’homme de la Chambre des députés.
Sous Bolsonaro, la commission est devenue moins importante car elle était composée de personnes qui lui étaient proches politiquement et idéologiquement. Entre autres, l’avocat Marco Vinicius Pereira de Carvalho, alors membre du Parti libéral de Bolsonaro, a pris la présidence avec l’intention d’achever les travaux au nom de la « réconciliation nationale ».
En décembre 2022, le CEMDP s’est finalement supprimé. Quatre des sept membres ont voté en faveur de la dissolution de la commission.
La commission spéciale a été créée en 1995 par le président de l’époque, Fernando Henrique Cardoso. La CEMDP a été la première commission d’État à enquêter sur les morts de la dictature. Dès le départ, sa mission a été de demander des documents et des investigations médico-légales devant conduire à la découverte et à l’identification des restes des disparus. Dans le cadre de ces activités, plusieurs familles ont reçu les actes de décès de leurs proches ainsi que des indemnisations.
Selon un rapport du CEMDP, au total, 221 personnes disparues ont jusqu’à présent été officiellement reconnues et des compensations ont été accordées pour elles. Le meurtre de 136 victimes a été reconnu. L’une des révélations les plus significatives a été l’identification des morts dans une tombe secrète à São Paulo. Des restes de victimes de la répression militaire y ont été retrouvés.