Chaos en Guinée : Campagne de libération de l’ex-dictateur

En Guinée, l’ancien dictateur Moussa Dadis Camara a pu s’évader brièvement de prison. Son ex-chef de la garde, Claude Pivi, est toujours en fuite.

CONAKRY/BERLIN | Des barrages routiers ont été installés sur les principales voies de circulation, et les mesures de sécurité les plus élevées sont en place à Conakry, la capitale guinéenne, aux carrefours et aux postes frontières. Le gouvernement militaire du président Mamady Doumbouya est en état d’alerte depuis qu’un commando lourdement armé a pris d’assaut samedi soir la prison centrale de Conakry et libéré l’ancien dictateur militaire Moussa Dadis Camara et trois autres anciens militaires du gouvernement Dadis de 2008 à 2010. Dadis et ses anciens collègues de la junte, Moussa Tiegboro et Blaise Goumou, ont été de nouveau capturés le même jour. Mais un quatrième, l’ancien chef de la garde présidentielle Claude Pivi, restait en fuite lundi.

Sous la dictature de Dadis, qui a succédé au défunt dirigeant de longue date Lansana Conté en 2008, Pivi était considéré comme le général le plus brutal de Guinée et le véritable homme fort du pays. Tous les quatre sont désormais les principaux accusés dans l’un des procès en matière de droits humains les plus spectaculaires en cours en Afrique : le procès contre les personnes soupçonnées d’avoir ordonné le massacre de manifestants pacifiques lors d’un rassemblement contre le régime militaire à Conakry le 28 septembre 2009, au cours duquel au moins 156 personnes ont été tuées.

Le massacre a précipité la fin du régime militaire ; En 2010, l’opposition civile Alpha Condé a été élu président lors d’élections libres. Il a été de nouveau mis en détention en 2021. Cependant, l’ancien dirigeant militaire Doumbouya n’a pas réhabilité les anciens généraux, mais les a plutôt arrêtés et traduits en justice.

Au milieu de ce processus, la spectaculaire opération de libération éclata. Les habitants de Conakry ont d’abord cru à un nouveau coup d’État militaire lorsque des coups de feu d’armes lourdes ont secoué samedi à l’aube le quartier gouvernemental de Kaloum à Conakry. Kaloum est une longue péninsule et la prison centrale se trouve à l’extrémité de cette péninsule, ce qui en fait la plus difficile d’accès. Cela alimente les spéculations sur une action interne. Ce n’est qu’en 2022 que la prison centrale a été équipée d’une surveillance vidéo étendue avec 60 caméras afin d’empêcher la contrebande généralisée de drogue à l’intérieur et à l’extérieur de la prison.

Enlever quelqu’un à moto est difficile

Lundi, les autorités guinéennes ont licencié 58 officiers, soldats et gardiens de prison, suggérant un complot plus vaste. Dadis Camara lui-même a décrit sa libération comme un enlèvement, son avocat Jocamey Haba a déclaré à la radio que son client n’était visiblement pas en sécurité même dans la prison centrale et que l’État avait échoué.

Le gouvernement rejette l’allégation d’« enlèvement ». Le porte-parole du gouvernement, Ousmane Gaoual Diallo, a indiqué dimanche soir que les trois prisonniers avaient été récupérés à moto, à 17 et 26 kilomètres de la prison. « Peut-on kidnapper quelqu’un à moto ? C’est difficile s’il ne le veut pas aussi.

Il a imputé cette action au fils du colonel Pivi, Verni Pivi, également membre de la garde présidentielle, qui, selon les chiffres officiels, a fait neuf morts : trois assaillants, quatre militaires fidèles et deux civils dans une ambulance sur laquelle ont été tirés des tirs : un prisonnier de six ans -vieille fille en route vers l’hôpital et son médecin.

Lundi, les recherches du colonel Pivi en fuite se sont poursuivies à plein régime. La frontière entre la Guinée et le Mali, où règne un gouvernement militaire ami, a été rouverte.