Colombie : Deuxième obstacle surmonté, la réforme gouvernementale de la santé progresse

Bogotá. La réforme de la santé présentée par le gouvernement de gauche a été approuvée à la Chambre des représentants colombienne avec 87 voix pour et 47 voix contre. Le projet de loi est désormais renvoyé à la septième commission du Sénat.

Cette réforme, promesse du gouvernement du président Gustavo Petro, prévoit la suppression du système des entreprises privées de santé (Entidad promotora de Salud, EPS). Les soins de santé devraient être transférés au secteur public.

Au cœur du nouveau système de santé se trouvent les centres de soins de santé primaires, chacun d’eux desservira 25 000 personnes dans une zone spécifique. Ce faisant, le gouvernement vise à réduire les inégalités entre le secteur urbain et les zones rurales les plus reculées, qui sont actuellement les plus touchées par le manque de services.

Le changement le plus radical, et donc celui qui a suscité le plus de résistance dans les secteurs conservateurs et néolibéraux, est la gestion des ressources. Depuis l’introduction de la loi 100 de 1993, les entreprises privées de soins de santé gèrent de manière autonome l’argent qui entre dans le système de santé à partir des caisses de l’État et des contributions des usagers. Ils organisent également les services médicaux. L’EPS est accusé de spéculer et de faire des affaires avec les ressources. Les experts en soins de santé se plaignent que la logique commerciale d’EPS est de réaliser de plus grands profits en refusant de fournir des services aux patients.

À l’avenir, les fonds seront gérés par une autorité spécialement créée, qui effectuera les paiements directement aux cliniques, hôpitaux, laboratoires et pharmacies.

La réforme vise également à modifier les conditions précaires des agents de santé, notamment en introduisant des postes permanents, de meilleurs salaires et une formation continue. L’article 46 précise que les médecins sont des fonctionnaires.

La réforme crée le Conseil national de la santé (Consejo Nacional de Salud), qui suivra, évaluera et rendra compte du fonctionnement du système de santé. La majorité des 40 membres du conseil seront composés de délégués de syndicats, de communautés indigènes et afro-colombiennes, d’organismes LGBTIQ, de membres d’écoles de médecine et d’organisations de patients et de médecins. Seuls huit membres sont des représentants des autorités sanitaires. Deux places sont réservées aux délégués des grandes et petites entreprises.

Les cercles politiques d’extrême droite et néolibéraux s’opposent à la réforme en raison de son impact sur l’EPS et le secteur privé, et ont donc pris diverses mesures pour saboter l’adoption de la réforme par le pouvoir législatif. Les médias privés et l’opposition tentent d’empêcher la réforme par des astuces juridiques, de la rhétorique et de la désinformation. Ils ont argumenté en affirmant que la gestion publique des ressources entraînerait la bureaucratie et la corruption et que les changements plongeraient le système dans le chaos.

Le projet va maintenant au Sénat, où le gouvernement aura du mal à obtenir les majorités nécessaires. Si la réforme est acceptée, elle sera examinée par la Cour constitutionnelle car elle implique la réforme d’un droit fondamental.