Comparaison avec Hitler dans la campagne électorale du Congo : l’essentiel est contre le Rwanda

Le président congolais Félix Tshisekedi menace le président rwandais Paul Kagame : « Je lui promets que je finirai comme Adolf Hitler ! » La campagne électorale s’intensifie.

BERLIN | Le président rwandais Paul Kagame, qui a pris le pouvoir en tant que chef de la guérilla en 1994 et a ainsi mis fin au génocide des Tutsi du Rwanda par le précédent gouvernement militaire hutu, peut-il être comparé à Adolf Hitler ? Les cercles radicaux proches du régime génocidaire renversé par Kagame le font depuis longtemps, et Félix Tshisekedi, président de la République démocratique du Congo, les a désormais rejoints.

Lors d’une apparition en campagne électorale dans la ville de Bukavu, à l’est du Congo, juste à la frontière du Rwanda, Tshisekedi a crié vendredi soir devant la foule rassemblée : « Je voudrais m’adresser au président rwandais Paul Kagame pour lui dire ceci : puisqu’il voulait se comporter comme Adolf Hitler avec ses objectifs expansionnistes, je lui promets de finir comme Adolf Hitler ! » Des acclamations et des applaudissements ont suivi, y compris depuis le stand de campagne. Comme chacun le sait, Hitler s’est suicidé dans le Führerbunker de Berlin le 30 avril 1945, peu avant la capitulation de l’Allemagne.

Les nationalistes congolais aiment accuser le Rwanda de se livrer à une « agression » contre leur pays depuis plus d’un quart de siècle et menacent de ramener la guerre « d’où elle vient ». Tout comme les rebelles soutenus par le Rwanda ont conquis l’ex-Zaïre et fondé la « République démocratique du Congo » en 1996 et 1997, les rebelles rwandais soutenus par le Congo, c’est-à-dire les milices hutues issues des auteurs rwandais fugitifs du génocide de 1994, reconquérir le Rwanda.

Les milices avaient conclu un accord informel avec le prédécesseur de Tshisekedi, Joseph Kabila, en temps de guerre. C’est pourquoi, même après la fin de la guerre du Congo, l’est du Congo, frontalier du Rwanda, n’a jamais trouvé la paix : les milices hutu rwandaises se préparaient à la guerre contre le Rwanda. Celui-ci a répondu par ses propres actions militaires et par un soutien aux rebelles tutsis congolais – actuellement le Mouvement du 23 mars (M23), qui attaque à nouveau autour de Goma, la capitale provinciale congolaise. Yolande Makolo, porte-parole du gouvernement rwandais a appelé les mots de Tshisekedi une « menace forte et claire ».

Tshisekedi devait faire sa prochaine grande apparition de campagne dimanche à Goma, également à la frontière du Rwanda. Ses paroles martiales sont bien accueillies par les nationalistes congolais. Samedi, l’organisation faîtière des milices paramilitaires « patriotiques » Wazalendo, qui luttent comme force auxiliaire de l’armée contre le M23, a promis au président dans un rapport son « soutien total » et a exprimé l’espoir d’une « longue guerre populaire ». Les dirigeants de Wazalendo ont récemment menacé de porter la guerre au Rwanda après avoir vaincu le M23. Ils bénéficient désormais des bénédictions des plus hauts lieux.