Conférence des ministres de l’Intérieur sur le débat au Moyen-Orient : « Rempart contre l’antisémitisme » ?

La Conférence des ministres de l’Intérieur est consacrée à la lutte contre la haine des Juifs et discute du renforcement des lois. Le ministre de l’Intérieur Faeser est ouvert à cette idée.

BERLIN | C’est l’un des premiers points à l’ordre du jour de la réunion semestrielle de la ministre fédérale de l’Intérieur Nancy Faeser (SPD) et des ministres de l’Intérieur des Länder jeudi et vendredi : la guerre au Moyen-Orient et ses conséquences sur la situation sécuritaire ici. Et les ministres s’inquiètent de cette situation depuis longtemps.

Le chef du Bureau pour la protection de la Constitution, Thomas Haldenwang, vient de mettre en garde contre un risque accru d’attentats. Trois terroristes présumés qui auraient planifié des attaques sur les marchés de Noël de Leverkusen et de Hanovre ont été arrêtés. De plus, depuis le massacre du Hamas en Israël le 7 octobre, les crimes antisémites et les manifestations anti-israéliennes n’ont cessé dans ce pays.

Cette fois-ci, l’ambassadeur d’Israël Ron Prosor et Josef Schuster, président du Conseil central des Juifs, participeront également à la Conférence des ministres de l’Intérieur (IMK) à Berlin. Tous deux réclament un renforcement des lois afin de punir plus sévèrement la haine des Juifs et d’Israël lors des manifestations.

Les ministres de l’Intérieur veulent au moins envoyer un signal clair contre l’antisémitisme. Un projet de résolution dont dispose le indique que les attaques terroristes du Hamas sont condamnées « dans les termes les plus forts possibles ». La violence contre la population civile israélienne « ne peut être justifiée par rien » et le peuple israélien mérite « une solidarité sans restriction ». Dans ce pays aussi, la vie juive bénéficie d’une « protection spéciale ». Ils « s’opposeront à toute forme d’agitation antisémite, d’extrémisme et de violence en utilisant tous les moyens constitutionnels à leur disposition ». De telles manifestations doivent être « systématiquement interdites ».

Pas de naturalisation si vous avez une attitude antisémite ?

Certains ministres de l’Intérieur réclament de nouvelles mesures plus concrètes. Le ministre de l’Intérieur de Hesse Peter Beuth et son homologue du Bade-Wurtemberg Thomas Strobl (tous deux CDU) réclament la création d’un plan d’action national et d’un groupe de travail fédéral-Länder contre l’antisémitisme, en collaboration avec les commissaires à l’antisémitisme respectifs. Outre la répression, des mesures d’éducation politique et d’éducation aux médias devraient également y être discutées. « Un rempart contre l’antisémitisme » est nécessaire, a déclaré Strobl au . « Il est insupportable que des Juifs hésitent à nouveau ou n’osent même pas s’identifier comme juifs dans nos rues. »

Plusieurs pays demandent également que le déni du droit d’Israël à l’existence soit érigé en infraction pénale et qu’il devienne un critère d’exclusion pour la naturalisation. Ici, « toutes les options juridiques doivent être épuisées pour interdire les déclarations, symboles, motifs ou appels dirigés contre la sécurité ou même l’existence de l’État d’Israël », a déclaré Beuth. Et Strobl souligne qu’il faut veiller à ce que les personnes antisémites « n’aient pas droit à la naturalisation ».

Faeser est ouverte à cela : refuser à Israël le droit d’exister est une expression de l’antisémitisme lié à Israël, a-t-elle récemment expliqué. Avec la nouvelle loi sur la nationalité, la naturalisation pour un tel poste est « clairement exclue ». Il en va de même pour quiconque attire l’attention par des actes antisémites, explique Faeser. Si des éclaircissements supplémentaires sont nécessaires, elle y est ouverte. Depuis 2021, aucune personne ayant déjà commis des crimes antisémites ne peut légalement être naturalisée.

Faeser a également déclaré mardi, lors d’une réunion des ministres de l’Intérieur de l’UE à Bruxelles, qu’il fallait « garder un œil attentif sur les menaces islamistes dès maintenant et empêcher de nouveaux processus de radicalisation ». L’Allemagne « prendra des mesures énergiques contre la propagande terroriste islamiste ».

Faeser a récemment fait interdire le Hamas et l’association de supporters Samidoun en Allemagne. Des raids ont également eu lieu contre le Centre islamique de Hambourg, considéré comme une extension de l’Iran. Le ministre de l’Intérieur de NRW, Herbert Reul (CDU), souhaite de nouvelles interdictions : celles des groupes islamistes autour de la « Génération Islam », qui sont descendus récemment dans les rues d’Essen.

Plus de 80 points à l’ordre du jour

Outre la situation au Moyen-Orient, l’IMK a plus de 80 autres points à l’ordre du jour. Il y a encore beaucoup de discussions sur la migration, les contrôles aux frontières ou les procédures simplifiées auprès des autorités chargées de l’immigration. Beuth appelle également à des « refus d’entrée » à la frontière allemande, sans « procédures de transfert légales compliquées ». D’autres sujets incluent la violence contre les femmes et les enfants, des sanctions plus sévères pour la dernière génération en cas de blocage d’infrastructures critiques comme les aéroports ou, encore une fois, l’exigence de réintroduire la conservation des données.