Conflit électoral au Mozambique : les juges ne plaisent à personne

La Cour constitutionnelle du Mozambique confirme partiellement l’objection de l’opposition aux élections régionales. Elle appelle néanmoins à protester.

MAPUTO | La Cour constitutionnelle du Mozambique a partiellement annulé les résultats des élections régionales du 11 octobre, faisant ainsi droit aux plaintes de l’opposition. Après que la commission électorale du CNE a déclaré vainqueur le parti au pouvoir, le Frelimo (Front de libération du Mozambique), dans 64 des 65 régions, le plus haut tribunal du pays a désormais statué qu’il n’avait gagné que dans 56 régions.

La plus grande force d’opposition, la Renamo (Résistance nationale mozambicaine), en a remporté quatre, tandis que le jeune parti d’opposition, le MDM (Mouvement démocratique du Mozambique), en a remporté un, selon le verdict rendu lundi. De nouvelles élections doivent avoir lieu dans quatre autres régions le 10 décembre en raison d’irrégularités.

Cette décision souligne la maturité croissante des institutions démocratiques du Mozambique, mais constitue également un mauvais présage pour les prochaines élections législatives et présidentielles d’octobre 2024. Ces dernières semaines, le Mozambique a été secoué à plusieurs reprises par des protestations contre les résultats des élections régionales. Aujourd’hui, la Renamo et le MDM appellent à nouveau à manifester. La décision du juge ne va pas assez loin pour vous.

Mardi, de nombreuses personnes sont descendues dans les rues de la capitale Maputo pour protester contre la victoire électorale du Frelimo. Le candidat principal de la Renamo, Venâncio Mondlane, a menacé de rendre le pays ingouvernable. « Le moment est venu de mettre l’économie à l’arrêt », a-t-il crié. « Le moment est venu pour le peuple de prouver qu’il a le pouvoir. » Des manifestations ont également eu lieu dans les villes de Beira et Quelimane.

La Renamo veut porter plainte contre les juges constitutionnels, la police et la télévision d’État pour complicité dans la violation des droits fondamentaux. Et le parti souhaite contacter l’organisation régionale SADC (Southern African Development Community). La SADC est préoccupée par les appels des oppositions au Zimbabwe, à Eswatini et à Madagascar contre leurs gouvernements.

L’instabilité au Mozambique est une source de préoccupation. Le Frelimo a obtenu l’indépendance du Mozambique du Portugal en 1975 en tant que mouvement de libération armé soutenu par l’Est, mais a ensuite été défié par la guérilla armée Renamo, soutenue, entre autres, par l’Afrique du Sud de l’apartheid.

La guerre a coûté la vie à un million de personnes et n’a pris fin qu’en 1992. Par la suite, la Renamo est devenue un parti purement politique, mais elle a eu recours aux armes à plusieurs reprises. Ce n’est qu’en 2019 qu’un accord de réconciliation entre le Frelimo et la Renamo met fin à l’affrontement armé. Des élections pacifiques sont désormais un indicateur de la pérennité de cette paix.