Décision britannique sur l’accord avec le Rwanda : ceux qui fuient ont besoin de protection

Le transfert de réfugiés vers le Rwanda est illégal. La décision de Londres montre que toutes les réglementations des pays tiers sont vulnérables.

Aujourd’hui, le gouvernement britannique a finalement fait parvenir une lettre à la plus haute juridiction : la Grande-Bretagne n’est pas autorisée à embarquer des réfugiés arrivant de France par bateau à destination du Rwanda au lieu de leur permettre de demander l’asile. L’arrêt de la Cour suprême de Londres confirme le jugement du tribunal inférieur, selon lequel il serait légal d’envoyer des demandeurs d’asile vers un pays tiers sûr, mais le Rwanda n’offre pas de garanties suffisantes contre leur éventuelle expulsion vers leur pays d’origine.

Cette décision est moins directement pertinente qu’il n’y paraît pour le débat allemand et européen sur le stationnement des réfugiés dans les pays tiers. Le « Rwanda Deal » britannique ne prévoyait pas que les réfugiés soient amenés au Rwanda afin qu’ils puissent demander l’asile en Grande-Bretagne à partir de là, comme le font les modèles allemands de procédures d’asile externalisées. L’accord stipulait qu’ils demanderaient ensuite l’asile au Rwanda.

Et bien sûr, la Grande-Bretagne ne peut ni déterminer l’issue d’une demande d’asile rwandaise ni promettre aux réfugiés une protection contre l’expulsion du Rwanda. Aucun gouvernement au monde ne peut fournir une garantie irréfutable pour les actions d’un autre gouvernement. Le plan britannique pour le Rwanda fut donc un échec logique. Cela s’applique en fin de compte à tous les modèles d’asile dans les pays tiers et est pertinent pour l’Europe.

Les juges de Londres ont fixé un obstacle inatteignable à leur gouvernement, mais l’accord avec le Rwanda n’est pas mort, même aujourd’hui. Après le limogeage de la controversée ministre de l’Intérieur Suella Braverman, la droite conservatrice britannique fait dépendre son soutien au Premier ministre Rishi Sunak de sa fermeté, c’est-à-dire qu’il se contente finalement de contourner les obstacles et de créer des faits.

Il est donc tout à fait possible qu’un avion en provenance de Londres atterrisse à Kigali, rempli de réfugiés servant de pions dans une lutte de pouvoir britannique. Mais le Rwanda serait mal avisé de continuer à jouer le jeu. Les gens ne s’échappent pas pour s’amuser. Et on ne joue pas avec les vies humaines.