San Salvador. Avant même l’annonce des premiers résultats officiels, le président sortant du Salvador, Nayib Bukele, s’est déclaré vainqueur des élections, ainsi que son parti Nuevas Ideas.
Sur X, anciennement Twitter, posté lui : « D’après nos chiffres, nous avons remporté l’élection présidentielle avec plus de 85 pour cent des voix et au moins 58 des 60 membres de l’Assemblée nationale. C’est un record dans toute l’histoire démocratique du monde. »
Lors des élections présidentielle et législatives de dimanche, les 60 députés ont été élus aux côtés du duo présidentiel. Au total, onze partis politiques se sont inscrits pour les élections à l’Assemblée législative. Les résultats définitifs des élections seront publiés mardi prochain. Le mandat présidentiel est de cinq ans et commence le 1er juin.
Lors d’une conférence de presse dimanche vers 15h30, Bukele a appelé les gens à voter pour son parti Nuevas Ideas. La majorité parlementaire est un point crucial pour le maintien de l’état d’urgence qu’il a imposé et de sa politique contre la criminalité organisée.
Le magazine en ligne « GatoEncerrado » condamné cet appel à voter est illégal. Cela viole la loi électorale, qui a interdit toute campagne électorale à partir du 1er février (silencio electroral).
Près de six millions de Salvadoriens, dont environ un million vivant à l’étranger, étaient inscrits sur les listes électorales. Selon les médias, la participation électorale a été élevée en Allemagne et à l’étranger. Les chiffres publiés par Bukele correspondent aux résultats d’une enquête de ces dernières semaines, qui montrent que le président et son parti ont obtenu plus de 80 pour cent des voix (a rapporté Amerika 21).
Au Salvador, la pauvreté, des années de violence des gangs et de corruption ont conduit à une grande déception et frustration. « Cela ne me dérangerait pas si un gouvernement non démocratique arrivait au pouvoir s’il résolvait le problème de la violence », ont déclaré 62,9 % de la population lors d’enquêtes réalisées en 2020.
Certaines données clés sur les succès du gouvernement Bukele ne peuvent être négligées : la criminalité est tombée aux normes canadiennes au cours des cinq dernières années, passant de 106 meurtres pour 100 000 habitants en 2015 à 2,4 en 2023.
La popularité de Bukele est complétée par le pouvoir qu’il a acquis au cours de son mandat, notamment en remplaçant les procureurs et les juges, en faisant adopter des réformes électorales favorables à son parti et en militarisant le pays.
Mardi dernier, les soldats étaient fortement présents dans tous les quartiers de la capitale San Salvador. Selon l’organisation de défense des droits humains Cristosal, le gouvernement a délibérément utilisé les forces armées comme moyen d’intimidation de la société à l’approche des élections.
Les irrégularités se seraient multipliées lors du scrutin. L’organisation à but non lucratif Cecade (Centre de formation et de promotion de la démocratie), qui a accrédité environ 150 observateurs électoraux, a rapporté qu’il avait été observé dans de nombreux bureaux de vote à travers le pays que des personnes tirées au sort par la Cour suprême Tribunal électoral, ne faisaient plus partie des commissions malgré leur présence. Au lieu de cela, ceux-ci ont été occupés dans de brefs délais par du personnel non formé du parti Nuevas Ideas au pouvoir.
Entre-temps, l’Association des journalistes du Salvador a présenté son rapport sur les attaques contre la presse à l’occasion des élections. Il recense 64 entraves et agressions contre des journalistes ainsi que des violations de la loi sur la presse entre juillet 2023 et le 1er février 2024, ainsi que 110 le jour même du scrutin.
L’arrestation du poète salvadorien Carlos Borja a fait sensation le jour du scrutin. Dans un bureau de vote de Concha Viuda de Escalón à San Salvador, il a lu les articles de la constitution violés par la nouvelle candidature de Bukele.