Haïti. Le nombre de personnes déplacées à l’intérieur du pays en Haïti a augmenté de 60 pour cent au cours des trois derniers mois. La raison en est l’augmentation de la violence des gangs dans un contexte de grave crise politique, sociale et humanitaire, selon les Nations Unies (ONU).
Le nombre de réfugiés nationaux est passé de 362 551 personnes début mars à 578 740, selon l’Agence des Nations Unies pour les migrations (OIM) dans un rapport publié mardi. Ce pays des Caraïbes compte 10 millions d’habitants.
« Cette augmentation est le résultat direct de la spirale de violence qui a atteint un nouveau cap en février », a déclaré le directeur de l’OIM, Philippe Branchat.
« La crise sans fin en Haïti oblige de plus en plus de personnes à fuir leur foyer et à tout laisser derrière elles. Ce n’est pas quelque chose qu’ils font à la légère. En fait, pour beaucoup d’entre eux, ce n’est pas la première fois », a ajouté Branchat.
En Haïti, un gouvernement nouvellement formé sous les auspices des États-Unis et de la Communauté des États des Caraïbes (Caricom) tente de rétablir l’ordre dans l’État ( a rapporté Amerika21).
L’augmentation du nombre de personnes déplacées depuis mars est attribuée à l’escalade de la violence dans le pays, en particulier dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, où les gangs contrôlent plus de 80 pour cent des zones.
La majorité des réfugiés vivent dans des conditions précaires et ont souvent un accès limité aux services de base. Surtout dans la zone autour de Port-au-Prince et dans le sud d’Haïti, les infrastructures déjà surchargées ont du mal à répondre à la demande croissante.
39 des 96 écoles et établissements d’enseignement de cette zone sont actuellement utilisés pour accueillir 61 000 personnes. Selon l’OIM, la réaffectation massive des établissements d’enseignement a un impact significatif sur la fréquentation scolaire, restreint l’accès à l’éducation pour de nombreux enfants et exacerbe les défis de la politique éducative du pays.
En outre, les enfants souffrent souvent particulièrement des attaques des gangs. Selon un rapport présenté par le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, 307 enfants (160 garçons, 117 filles et 30 dont le sexe est inconnu) ont été victimes de graves violences sur le territoire haïtien, dont 32 ont été violés à plusieurs reprises.
Selon des informations complémentaires de l’ONU, 128 enfants haïtiens ont été victimes de massacres et 78 ont été mutilés. Parmi eux, 126 étaient des garçons, 60 des filles et le sexe de 20 autres n’a pas pu être déterminé.
Selon le rapport, 125 enfants sont morts, pour la plupart à cause de balles perdues, et 62 à la suite d’assassinats ciblés. Les représailles ont souvent abouti à des viols collectifs ou à l’incendie d’enfants vifs.
Guterres a exprimé sa profonde préoccupation face à la violence aveugle des gangs armés et aux graves attaques contre les enfants sur le territoire haïtien. Le Secrétaire général a appelé au déploiement accéléré de la mission multinationale de sécurité pour soutenir la police haïtienne dans le rétablissement de la sécurité dans le pays. Cela a été approuvé par le Conseil de sécurité de l’ONU en octobre dernier et le Kenya en a repris la gestion.
António Guterres a également exhorté à ce que le personnel de la mission reçoive une formation adéquate en matière de protection de l’enfance.