Instabilité politique au Népal : les communistes succèdent aux maoïstes au poste de Premier ministre

En raison d’une rupture dans la coalition entre communistes et maoïstes, l’État himalayen s’est doté d’un nouveau gouvernement. C’est le 14e gouvernement depuis 2008.

BERLIN | Khadga Prasad Sharma Oli a prêté serment lundi en tant que nouveau chef du gouvernement de Katmandou, la capitale du Népal. Cet homme politique de 72 ans, issu du Parti communiste – Marxistes-léninistes unis (CPN-UML), dirige le gouvernement de l’État himalayen pour la quatrième fois depuis 2015, désormais au sein d’une coalition avec le Congrès népalais modéré (NC).

Selon l’accord, la direction du gouvernement de consensus autoproclamé, qui prétend s’appuyer sur 167 des 275 mandats parlementaires, doit être reprise par le chef du NC Sher Bahadur Deuba après la moitié du mandat restant jusqu’aux prochaines élections en 2027.

Le changement de gouvernement est intervenu après que le Premier ministre maoïste Pushpa Kamal Dahal, connu sous le nom de Prachanda (« le Sauvage »), a perdu vendredi un vote de censure après un an et demi au pouvoir. Lors du cinquième vote de censure, seuls 63 députés ont voté pour le maintien au pouvoir de l’ancien commandant de la guérilla, aujourd’hui âgé de 69 ans. Il avait déjà été chef du gouvernement à deux reprises.

Le CPN-UML d’Oli avait rompu la coalition avec les maoïstes de Dahal (CPN-MC) et s’était allié au parti du Congrès. Oli doit désormais également faire face à un vote de confiance dans les quatre semaines.

Les maoïstes sont accusés de trahir leurs idéaux

Les partis mentionnés, qui sont dirigés par des hommes âgés, sont les plus importants du pays d’Asie du Sud et forment le gouvernement depuis la fin de la monarchie en 2008, souvent au sein de coalitions changeantes. En particulier, les maoïstes, qui ont combattu pendant dix ans dans une guerre civile qui a fait 16 000 morts jusqu’en 2006, perdent progressivement leurs soutiens. Ils sont accusés d’avoir trahi nombre de leurs idéaux et d’avoir ainsi perdu leur aura d’incorruptibilité.

Depuis lors, l’instabilité politique domine cet État multiethnique d’environ 30 millions d’habitants situé entre l’Inde et la Chine. Depuis 1990, aucun gouvernement n’a exercé un mandat complet de cinq ans.

Le Népal est devenu une république en 2008, mettant fin à la monarchie après 239 ans. Mais depuis lors, le pays n’est pas sorti de la crise actuelle, exacerbée par les tremblements de terre et autres catastrophes naturelles. De nombreux Népalais partent donc à l’étranger en tant que travailleurs migrants et utilisent leurs envois de fonds pour aider leurs familles à survivre.

Pour de nombreux Népalais, les trois grands partis, avec leurs luttes de pouvoir constantes, sont éloignés des problèmes quotidiens de la population. Dans le même temps, l’Inde et la Chine se disputent l’influence politique et économique, Pékin gagnant récemment avec son initiative la Ceinture et la Route aux dépens de l’Inde autrefois dominante.