Rio de Janeiro. Depuis 1971, la population afro-brésilienne du plus grand pays d’Amérique latine célèbre le 20 novembre comme journée de lutte collective pour ses droits.
A cette occasion, le 19 novembre, le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva a signé un nouvel ensemble de mesures sur l’égalité ethnique et a parlé de rembourser la dette historique accumulée par la suprématie blanche.
Le jour fait référence à la date de la mort de Zumbi dos Palmares en 1695. La Journée de la Conscience Noire est célébrée uniquement au Brésil et commémore Zumbi dos Palmares et Dandara dos Palmares, deux dirigeants de la Rébellion noire au XVIIe siècle.
Le Quilombo dos Palmares était la communauté où les esclaves cherchaient refuge contre l’exploitation dans les plantations et où ces personnages historiques défendaient leur rébellion et leur vie. Zumbi et Dandara ont tous deux mené des troupes insurgées contre la puissance coloniale portugaise.
Le mouvement de la Coalition noire brésilienne pour leurs droits s’est mobilisé lundi pour commémorer une « journée de mobilisation, de résistance et de lutte ». Elle a appelé « les gens à descendre dans la rue ! Pour la nourriture, l’emploi, le logement, le respect de la foi et des communautés traditionnelles ! Il s’agit de la vie des Noirs ! »
L’appel rappelle que le racisme structurel dans le pays a récemment atteint son apogée avec le gouvernement du président Jaír Bolsonaro (2019 – 2023). Au cours des deux premières années de ce gouvernement, la faim a augmenté de 27,6 pour cent.
Selon le mouvement des sans-terre MST, plus de 220 000 Noirs ont perdu leur logement et le chômage parmi eux a augmenté sous le gouvernement de Bolsonaro.
Les statistiques officielles montrent que les personnes d’ascendance africaine au Brésil, qui représentent plus de 50 pour cent de la population, sont sous-représentées dans les emplois qualifiés et dans l’enseignement supérieur et sont à la traîne en termes de salaires.
Cependant, ils sont surreprésentés dans les prisons, dans le chômage, dans la pauvreté et dans la proportion de victimes de meurtres. Le taux de pauvreté est presque deux fois supérieur à celui des Blancs.
« Nous voulons simplement restaurer la réalité d’une société démocratique », a déclaré Lula lors d’une cérémonie au Palais Planalto, siège du gouvernement, à l’occasion de la Journée nationale de la conscience noire.
Les 13 mesures, élaborées et présentées par la ministre de l’Égalité ethnique Anielle Franco en collaboration avec dix autres départements et autorités, comprennent des programmes nationaux, l’attribution de terres aux communautés afro-brésiliennes, des bourses et des accords de coopération. À l’avenir, au moins 30 pour cent des postes de responsabilité dans l’administration publique devraient être attribués à des Noirs.
Des groupes de travail interministériels et d’autres initiatives devraient garantir ou élargir le droit à la vie, à l’intégration, à la mémoire, à la terre et à réparation.
Lula a souligné que les mesures signées ne fonctionneront que « si vous ne cessez pas d’exiger des fonds pour les financer ». Il a réitéré qu’il s’agit de « remettre à leur place les choses qui ont été prises », selon le membre fondateur du Parti des travailleurs brésiliens.