Le futur président du Guatemala démissionne de ses fonctions au sein du parti, le budget devrait le lier

Ville de Guatemala. Le président élu du Guatemala, Bernardo Arévalo, a démissionné de son poste de secrétaire général du mouvement progressiste Movimiento Semilla et a annoncé son départ du parti.

Arévalo a justifié cette démarche par la loi sur les partis et les élections. Le futur chef de l’Etat a souligné que la décision ne reposait pas sur « une distanciation ou une division » du parti. Il suit plutôt l’article 32 de la loi pertinente. Il a le soutien de Semilla, « nous espérons que le parti retrouvera bientôt toutes ses fonctions », a-t-il déclaré dimanche dans un communiqué.

Le parti a été suspendu fin octobre par le Citizens Register, une autorité subordonnée au tribunal électoral ( a rapporté Amerika 21). Selon la situation actuelle, les 23 députés ne pourront siéger au Parlement qu’en tant que députés « indépendants » au cours de la prochaine législature, ce qui réduirait considérablement leurs droits politiques.

Abelardo Pinto Moscoso, ancien premier secrétaire adjoint du parti, remplacera Arévalo au poste de secrétaire général.

Pendant ce temps, Arévalo devra faire face à de nouvelles charges lorsqu’il prendra ses fonctions. Le 30 novembre, le Congrès a adopté en troisième lecture, à la majorité des voix des partis du soi-disant Pacte des Corrompus, le budget pour 2024. « Cela ne permet guère à Arévalo d’agir », a commenté l’ancien avocat allemand des droits de l’homme Miguel Mörth. qui vit au Guatemala, dans sa chronique mensuelle pour le réseau Guatemala Bern.

Ces derniers jours, la pression s’est accrue sur le président sortant Alejandro Giammattei pour qu’il oppose son veto au budget. L’Institut centraméricain d’études financières (Icefi) estime que « le scénario le moins dommageable serait d’opposer son veto au budget afin que le budget 2023 reste en vigueur et soit analysé et amendé », selon un article de La Hora.

L’Icefi a prévenu « que l’un des effets du plan budgétaire sera la paralysie dans le placement ou le repositionnement des obligations, ce qui compliquerait le paiement des dettes publiques et affecterait les banques nationales et internationales et autres créanciers de l’État ». Face à une telle urgence, le gouvernement devra peut-être se tourner vers d’autres sources de financement. Les investissements publics et les dépenses sociales ne pourraient pas être financés et des retards dans le paiement des fournisseurs, des entrepreneurs et même des salaires pourraient survenir.

Il est peu probable que le budget du ministère public, qui est actuellement l’institution principale en matière de poursuites judiciaires contre le parti Semilla, soit réduit dans le budget approuvé, ce qu’Icefi considère comme une « décision politique ». Le budget consacré aux communications, aux infrastructures, au logement et au développement social serait augmenté, tandis que celui consacré au service de la dette publique, à l’éducation et à la santé serait réduit.

Entre-temps, Arévalo a déclaré qu’il avait pris les décisions concernant son futur cabinet et ses 13 postes ministériels. Les noms devraient être annoncés à la mi-décembre. Les Guatémaltèques attendent avec impatience de voir parmi eux des personnalités connues qui ont dû quitter le pays ces dernières années à la suite de menaces et de persécutions juridiques et politiques. Peu après son entrée surprise au second tour des élections, Arévalo avait déjà mentionné le retour des exilés comme l’un de ses objectifs politiques.

Ce jeudi, diverses organisations sociales se mobilisent à nouveau pour une « Marche pour la démocratie ». Arévalo a également expressément appelé « tous les Guatémaltèques » à y participer.