Le gouvernement haïtien en alerte après une attaque de gangs armés qui a fait plus de 70 morts

Haïti est sous le choc depuis une attaque armée du gang Gran Grif qui a fait plus de 70 morts jeudi matin. Après les nombreux morts lors du massacre de Pont-Sondé, au cours duquel des enfants sont également morts, et après la fuite de plus de 6 000 habitants, le gouvernement haïtien recherche une aide supplémentaire de l’étranger.

Face à l’escalade de la situation, les forces de police nationales présentes dans la ville ne peuvent offrir que peu d’espoir de sécurité. C’est pourquoi le Conseil de sécurité de l’ONU a prolongé à l’unanimité la mission de police internationale dirigée par le Kenya la semaine dernière (a rapporté Amerika21).

Des véhicules blindés de la police nationale et de la Mission multinationale de sécurité sont sur les routes depuis jeudi après-midi pour amener des renforts dans la région touchée, située à une centaine de kilomètres de la capitale Port-au-Prince.

« Malgré la situation sécuritaire extrêmement difficile, les victimes de cette attaque bénéficient du soutien des institutions locales, dont l’hôpital Saint Nicolas », a indiqué le ministère de la Santé publique et de la Population dans un communiqué. Des moyens médicaux et humanitaires supplémentaires sont mobilisés pour renforcer les équipes sur place.

Le chef du gang Gran Grif responsable du massacre, Luckson Elan, a déclaré que l’attaque était une mesure de représailles contre l’inaction de la population civile alors que la police et d’autres groupes armés tuaient ses soldats.

Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a réagi à cette terrible attaque. Son porte-parole a déclaré qu’il avait fermement condamné l’attaque du groupe armé. António Guterres a également souligné l’importance des efforts conjoints de la police nationale et de la mission multinationale de sécurité en Haïti. António Guterres « exhorte tous les États membres à veiller à ce que la mission multinationale de sécurité reçoive le soutien financier et logistique dont elle a besoin pour réussir ».

Après le massacre, le Premier ministre haïtien Garry Conille a entrepris samedi un voyage à l’étranger, aux Émirats arabes unis et au Kenya.

« L’un des objectifs de ce voyage est de discuter avec le président Ruto au Kenya de la manière dont nous pouvons accélérer le plus rapidement possible le déploiement des services d’urgence kenyans portés disparus afin de soutenir davantage les forces de police nationales », a déclaré Conille. Jusqu’à présent, 400 policiers kenyans sont en Haïti dans le cadre de la mission de sécurité. Le Kenya avait en effet promis de déployer 2 500 policiers d’ici janvier 2025.

L’attaque des gangs de la semaine dernière montre l’escalade du conflit en Haïti. Pendant ce temps, le Conseil de transition haïtien, divisé, a élu un nouveau président pour le pays, Leslie Voltaire.

Les critiques de ce processus viennent du précédent président Edgard Leblanc Fils, qui a refusé de signer un décret confirmant la passation du pouvoir. Leblanc Fils s’est prononcé contre le changement, citant des allégations de corruption non résolues contre trois autres membres du conseil qui restent membres votants. Ils avaient soutenu le changement de présidence.

Après la multiplication des attaques de gangs contre les institutions de l’État au début de l’année et la démission du précédent Premier ministre Ariel Henry, le pays est gouverné par un conseil de transition. Ce conseil intérimaire vise à créer les conditions les plus sûres possibles pour de nouvelles élections, après quoi son mandat prendra fin.

Cependant, l’unité anti-corruption d’Haïti a recommandé ce mois-ci des poursuites judiciaires contre trois membres du conseil qui auraient accepté des cartes de crédit et a exigé près de 770 000 dollars du président d’une banque publique.

Les trois restent au conseil bien qu’ils soient exclus du plan actuel de succession présidentielle. Selon des accords antérieurs, l’économiste Fritz Alphonse Jean prendra la présidence en mars et l’homme d’affaires Laurent Saint-Cyr en août prochain. Ils sont actuellement membres du Conseil de transition.

Le nouveau gouvernement a déclaré qu’il espérait que les premières élections depuis 2016 pourraient avoir lieu l’année prochaine, à condition que la sécurité soit à nouveau adéquate.