Le lait en poudre pour les enfants à Cuba comme enjeu politique

La Havane. La demande de Cuba auprès du Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies a donné lieu à des débats polémiques.

Le 28 février, l'agence de presse espagnole Efe a rapporté que le gouvernement cubain avait demandé « pour la première fois » le soutien du FPM. Les médias anticubains ont alors lancé une campagne de diffamation et décrit Cuba comme un « État en faillite » qui ne pouvait plus nourrir sa population.

Il est vrai que le ministère du Commerce extérieur de la République de Cuba s'est adressé, à la fin de l'année dernière, aux responsables du Programme alimentaire mondial des Nations Unies, face à la situation tendue de l'approvisionnement en denrées alimentaires de base. Cependant, selon des informations en provenance de La Havane, désormais confirmées, il s'agissait simplement d'une demande d'aide pour l'approvisionnement en lait en poudre des nourrissons et des enfants et non d'un appel général à l'aide pour approvisionner la population en nourriture.

Par ailleurs, l'agence de presse cubaine Prensa Latina a souligné que le pays coopère avec cet organisme de l'ONU depuis 1993 et ​​a reçu un soutien matériel dans le passé, par exemple lors de catastrophes naturelles.

Le point de départ de la demande de fourniture de lait en poudre est la crise économique globale que traverse l'île depuis environ trois ans. En raison de la baisse du nombre de touristes due à la pandémie du coronavirus, de l'application accrue des lois de blocus sous le gouvernement du président américain Joe Biden et de l'inscription récente de Cuba sur la liste américaine des « États soutenant le terrorisme », les devises étrangères les revenus ont chuté de façon drastique et les transactions financières internationales sont devenues presque impossibles. En conséquence, les importations cubaines ont dû être considérablement réduites, ce qui, compte tenu d’une dépendance à l’égard des importations de 80 pour cent, a conduit à des goulots d’étranglement, en particulier pour les aliments de base comme le lait et la poudre de lait.

L’approvisionnement en lait est particulièrement important car c’était et c’est toujours une promesse de la révolution de fournir du lait presque gratuitement chaque jour à tous les nourrissons et enfants de Cuba. Face à cette situation explosive, le ministère cubain compétent a demandé l'aide des responsables du Programme alimentaire mondial des Nations Unies afin de pouvoir maintenir cet approvisionnement garanti par le livret d'approvisionnement « Libreta ».

La situation semble désormais s’être améliorée, du moins à court terme. Le ministre de l'Industrie alimentaire, Alberto López Díaz, a annoncé le 29 février que les rations de lait en poudre avaient été sécurisées pour les mois de mars et avril. Ceci est rendu possible par la mise en œuvre plus cohérente des accords de fourniture existants ou par la conclusion de nouveaux accords de fourniture. 375 tonnes de lait en poudre sont attendues en provenance du Brésil dans les prochains jours. Des accords ont également été signés pour importer 245 tonnes du Canada, 125 tonnes supplémentaires du Brésil et 500 tonnes des États-Unis.

Les importations attendues des États-Unis ne sont possibles que grâce à des réglementations exceptionnelles et ne modifient pas fondamentalement la politique de blocus restrictive du gouvernement Biden.

Le « Grupo de Puebla » a récemment souligné ce fait et a appelé à la levée immédiate du blocus américain contre Cuba. Le Groupe Puebla a été fondé en 2019 par des présidents et des personnalités politiques de gauche actuels et anciens d’Amérique latine et considère le blocus, qui viole le droit international, comme le plus grand obstacle au développement de l’économie cubaine.