La Paz. En Bolivie, les barrages routiers imposés par les partisans de l’ancien président Evo Morales durent depuis une semaine, affectant considérablement les transports et les déplacements dans le pays.
La semaine dernière à Cochabamba, les « Evistas » ont appelé à des barrages routiers à l’échelle nationale pour une durée indéterminée. Leur déclaration disait que les blocus étaient liés à la « Marche pour sauver la Bolivie » (a rapporté Amerika21) et qu’ils voulaient protéger la liberté et l’intégrité d’Evo Morales. Les manifestants réclament également la reconnaissance de la décision du congrès du parti MAS, au cours de laquelle Evo Morales a été choisi comme chef du parti et donc comme candidat à l’élection présidentielle de 2025.
Evo Morales fait actuellement face à des accusations d’abus sexuels et de traite d’êtres humains. Les procureurs enquêtent sur l’ancien président, accusé d’avoir eu une relation sexuelle avec une mineure en 2016 et d’avoir ensuite eu un enfant avec elle. Morales a donc été convoqué à Tarija le 10 octobre, mais n’a pas comparu devant le tribunal. Il a été représenté par son avocat, qui a évoqué des irrégularités dans le processus et un manque de garanties de sécurité. La procureure Sandra Gutiérrez a alors annoncé qu’elle allait émettre un mandat d’arrêt contre Morales.
Entre-temps, la police a arrêté le père de la victime présumée. Il est accusé d’avoir tiré un avantage politique de la relation entre sa fille et Morales. La mère, qui a exercé des fonctions publiques pendant la présidence de Morales, fait également l’objet d’une enquête. Toutefois, elle n’a pas encore pu être appelée à témoigner. Les autorités soupçonnent que la mère et la fille ont désormais quitté le pays.
Morales décrit ces allégations comme une campagne politiquement motivée visant à le forcer à quitter la politique avant les élections de 2025.
Parallèlement, l’impact des 14 barrages routiers sur l’économie du pays est considérable. La Confédération des entrepreneurs privés de Bolivie (CEPB) a mis en garde contre des dommages économiques dévastateurs pour l’économie nationale. Selon leur communiqué, les dommages économiques causés ont touché particulièrement les secteurs productifs et les groupes vulnérables de la population. Les dégâts ont particulièrement mis en danger l’existence des petites et moyennes entreprises. Le commerce international est également affecté car les marchandises exportées ne peuvent pas être transportées à temps.
Le gouvernement s’attend actuellement à des dommages économiques de 1,5 milliard de dollars. Cela touche particulièrement les produits agricoles de Santa Cruz et de Cochabamba, qui utilisent une grande partie de leur production pour approvisionner les autres départements et pour l’exportation. De nombreux exportateurs, commerçants, syndicats et autres secteurs rejettent donc les blocus d’Evista et appellent à une intervention rapide du gouvernement.
Selon la compagnie pétrolière nationale YPFB, les blocus ont paralysé plus de 500 camions-citernes chargés d’essence et de diesel. Cela a entraîné des pénuries de carburant dans plusieurs régions du pays, entraînant une augmentation des coûts logistiques et une augmentation du prix de la nourriture et d’autres biens. Afin d’assurer l’approvisionnement en carburant, le président Luis Arce a entamé des négociations avec son homologue chilien pour trouver des itinéraires alternatifs pour le transport de l’essence et du diesel vers la Bolivie et pour lever le blocus d’Arica. Le gouvernement bolivien a également annoncé qu’il prendrait des mesures renforcées pour assurer l’approvisionnement alimentaire.