Les tensions augmentent en Zambie : une politique « sans machettes » ?

L’ancien président Edgar Lungu annonce son retour sur la scène politique zambienne. Son parti est actuellement en train de se déchirer, le parti au pouvoir le met en garde contre la violence.

LUSAKA | Les prochaines élections en Zambie ne sont pas prévues avant 2026, mais elles jettent déjà leur ombre. L’ancien président Edgar Lungu du PF (Front patriotique), de gauche, qui a gouverné de 2015 à 2021 puis a perdu les élections face à Haikande Hichilema du parti économiquement libéral UPND (Parti uni pour le développement national), revient sur la scène politique après sa retraite. .

Lungu, 66 ans, a annoncé qu’il unifierait son parti déchiré et empêcherait le pays de sombrer dans la dictature, provoquant ainsi une brusque montée de la température politique en Zambie. La Zambie est aux prises avec les conséquences d’une grave crise économique. Rien qu’en septembre, deux hommes d’affaires sont morts lorsque des personnes pauvres ont pillé des entrepôts de maïs, apparemment avec l’aide de la police.

Le PF est toujours profondément divisé avec sa base électorale dans le district minier de cuivre en difficulté de la Zambie. En octobre, plusieurs hauts dirigeants du parti et députés du PF ont été suspendus, une conférence du parti a été reportée et un délai d’un mois a été fixé pour soumettre les résultats des procédures disciplinaires en cours au comité central. Le poste de président du PF est vacant depuis la démission de Lungu.

Depuis des mois, l’ex-président se considère, ainsi que sa famille, comme les victimes d’une campagne contrôlée par le président Hichilema. Il y a eu des menaces de supprimer les avantages sociaux de Lungu en tant qu’ancien chef d’État. Il a récemment été empêché de voyager à l’étranger à deux reprises, une fois pour une « conférence de paix » en Corée du Sud et une fois pour un traitement médical en Afrique du Sud. Son épouse Esther Lungu fait l’objet d’une enquête pour corruption et vol de voitures et de titres fonciers. Le PF est également menacé de retirer son autorisation de parti parce qu’il ne peut pas fournir aux autorités une liste complète de ses responsables comme l’exige la loi en raison de la vacance à la direction du parti.

Actes de violence commis par des partisans des deux factions

« Je suis prêt à faire face à toutes les conséquences possibles », a crié Lungu ce week-end devant ses partisans enthousiastes dans la capitale Lusaka, alors qu’il annonçait son retour à la politique. « Je sais qu’il y a des conséquences et j’y ferai face. »

La direction intérimaire du PF appelle à nouveau le président du parti Lungu. Le président par intérim Given Lubinda est également contesté par une faction dirigée par Miles Sampa. La faction Lubinda présente la faction Sampa comme le produit de l’infiltration de l’UPND au pouvoir. En septembre, des actes de violence ont déjà eu lieu entre les partisans des deux factions au siège du parti PF à Lusaka.

Faction Lubinda

« Le nouveau PF se démarque des voyous et des hooligans dans nos rues »

Lors de l’annonce dimanche dernier de la conférence de presse d’Edgar Lungu annonçant son retour politique, la police a défilé devant le siège du parti. La faction Lubinda a déclaré que ses partisans avaient été visés. Se déclarant président d’un « nouveau » PF, Sampa a déclaré : « Le nouveau PF se démarque des voyous et des hooligans dans nos rues ».

Reste à savoir comment Edgar Lungu parviendra à rassembler ce parti. Il a appelé l’ensemble de l’opposition zambienne à sauver la Zambie de « l’abolition de l’État de droit » par Hichilema et l’UPND.

L’UPND, pour sa part, a déclaré qu’elle « se félicite » de la décision de Lungu de revenir en politique. Depuis sa démission en 2021, la Zambie a changé pour le mieux. Une porte-parole a déclaré : « Nous prions et espérons que M. Lungu apprendra à opérer dans l’environnement politique pacifique actuel, sans machettes ni violence. »