Manifestations au Pakistan : polarisation après les élections

Après la victoire surprise du parti non autorisé d’Imran Khan, ses partisans protestent. Parce que leurs candidats ne sont pas autorisés à gouverner.

BOMBAI | « Vive le Pakistan » est l’un de leurs cris. Dans la métropole portuaire de Karachi, les gens se rassemblent devant le bâtiment de la Commission électorale. Ils manifestent devant des endroits au Pakistan où l’on soupçonne que les résultats des élections ont été manipulés.

C’est également le cas dans les métropoles de Lahore, Islamabad et Rawalpindi. Les manifestations sont parfois réprimées par les forces de sécurité à coups de gaz lacrymogènes et de matraques. Selon les médias, la police compte des dizaines de partisans du parti d’opposition. PTI (Mouvement pakistanais pour la justice) arrêté pour violation de l’interdiction de rassemblement.

Des professionnels des médias auraient également été maltraités, a rapporté le journal pakistanais. Une grève a suivi lundi dans le sud-ouest agité du pays.

Les troubles font suite à l’annonce des résultats des élections législatives, au cours desquelles le parti soutenu par l’armée Ligue musulmane (PML-N) Nawaz Sharif a revendiqué la victoire, même si les candidats soutenus par le parti PTI de l’ex-Premier ministre Imran Khan, ostracisé et emprisonné, sont apparus comme le groupe le plus important avec plus de 90 sièges parlementaires. Le parti de Khan affirme que le nombre réel s’élève à 150.

Cependant, comme ils n’étaient pas autorisés à se présenter en tant que membres du parti, mais uniquement en tant que candidats individuels, le PML-N de Nawaz Sharif se considère comme le vainqueur des élections avec ses 75 sièges. Alors que la Ligue musulmane et le PPP (Parti du peuple pakistanais) Avec leurs 54 sièges désormais réunis pour les négociations de coalition, les partisans de Khan et d’autres partis politiques expriment leur colère contre les allégations de manipulation.

Soupçon de fraude électorale

Au Pakistan, un mème circule selon lequel la Ligue musulmane a reçu plus de voix le 9 février que le 8 février, c’est-à-dire plus de voix le lendemain de l’élection que le jour même du scrutin, ce qui illustre les soupçons largement répandus de fraude électorale lors du dépouillement. On dit que les élections étaient une « sélection plutôt qu’une élection ».

Les membres du PTI exigent donc la démission du commissaire en chef des élections Sikandar Sultan Raja. Ils accusent l’autorité électorale d’avoir pris des dispositions pour priver de leur mandat les candidats soutenus par le PTI.

Malgré les allégations, beaucoup voient que la volonté du peuple s’est manifestée lors des élections : « Le Pakistan a voté pour la démocratie, mais la guérison et la réconciliation sont nécessaires à la stabilité », déclare Maleeha Lodhi, ancien ambassadeur du Pakistan. « Cependant, aucun des deux partis n’a obtenu la majorité, donc aucun des deux partis n’est en mesure de former seul un gouvernement. » La situation reste donc délicate.