Trois sommets, réunissant principalement des pays les plus pauvres, se déroulent parallèlement à Davos. Sujets : Le Soudan et le conflit entre la Somalie et l’Éthiopie.
KAMPALA | Avec les sirènes hurlantes, les voitures d’État se précipitent vers le centre de conférence au sud de la capitale ougandaise Kampala. Des militaires sont postés le long de la route, la route est fraîchement goudronnée et des palmiers ont été rapidement plantés au bord de la route peu avant.
Tandis que les principales nations industrielles du monde se réunissent à Davos, en Suisse, pour le Forum économique mondial, les chefs d’État et de gouvernement des pays les plus pauvres se réunissent en même temps au cœur de l’Afrique. Trois sommets majeurs se tiennent ces jours-ci sur le lac Victoria : d’abord le sommet du NAM (Non Alligned Movement). Ce forum de l’ONU, fondé en 1960, représente 120 pays qui ne voulaient s’associer à aucun des blocs de la guerre froide.
De nombreux chefs d’État et de gouvernement d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie sont présents, et même la Russie, la Chine et la Corée du Sud ont envoyé des représentants. De nombreuses délégations se sont inscrites à Kampala pour une période plus longue. Car la semaine prochaine, la réunion du G-77, à laquelle sont représentés 135 pays en développement, aura lieu dans le même centre de conférence.
Jeudi, le président ougandais Yoweri Museveni a également invité tous les Etats voisins membres du bloc régional IGAD (Autorité intergouvernementale pour le développement) à une réunion spéciale. Deux conflits sont à l’ordre du jour et mettent en danger l’ensemble de la région : la guerre au Soudan et l’escalade de la situation dans la Corne de l’Afrique, entre la Somalie et l’Éthiopie.
Des tensions d’avance
Mais cette réunion de l’IGAD a provoqué d’avance des tensions. Sans plus tarder, le ministère soudanais des Affaires étrangères a suspendu mercredi son adhésion à l’IGAD, en signe de protestation. Et le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, a également annulé sa participation.
Le vent tourne dans la guerre au Soudan. La milice rebelle RSF (Rapid Support Forces) s’empare de plus en plus de territoire et installe déjà une administration dans la capitale Karthum, largement sous contrôle de RSF. Le général Mohammed Hamdan Dagalo, alias Hametti, leader de RSF, se présente désormais également comme un homme d’État sur la scène internationale.
Le président ougandais Museveni l’a reçu il y a deux semaines. Et maintenant, Hametti s’est rendu à Kampala. Il devrait assister à la réunion de l’IGAD à la demande de Museveni. Mercredi, il a rencontré l’envoyé spécial de l’Assemblée générale des Nations Unies, Ramatane Lamamra.
Le ministère soudanais des Affaires étrangères, proche de l’armée gouvernementale du général Abdel Fattah al-Burhan, accuse désormais l’IGAD et Museveni de partialité. Le fait que le chef de guerre soit « courtisé » a mis le général Burhan en colère. Il a accusé l’IGAD de « violer la souveraineté du Soudan ».
Prêt pour les pourparlers de paix
L’ancien Premier ministre soudanais Abdallah Hamdok, président de la coalition de la société civile, également connue sous le nom de Taqadum, se rendra à cet effet. Des représentants du Taqadum avaient déjà rencontré Hametti début janvier pour explorer la possibilité de négociations de paix. Le leader de RSF a affirmé à plusieurs reprises ces dernières semaines qu’il était prêt à entamer des négociations de paix avec son rival, le général al-Burhan.
Ces pourparlers devaient en réalité avoir lieu jeudi dans le cadre du sommet de l’IGAD. Cela aurait été la première fois que les deux rivaux se rencontraient dans la même pièce.
La situation au Soudan ne cesse de s’aggraver. Des experts de l’ONU enquêtant sur les crimes contre les droits de l’homme au Soudan ont publié mercredi un rapport documentant d’innombrables violations des droits de l’homme au cours des 10 derniers mois de guerre. L’expert de l’ONU sur les droits de l’homme au Soudan, Radhouane Nouicer, a de nouveau exhorté les deux parties au conflit à appeler à la fin de la guerre qui a déjà provoqué le déplacement de 7,6 millions de personnes.
Pendant ce temps, une nouvelle escalade se profile dans la région voisine de la Corne. Au début de l’année, l’Éthiopie a signé un accord avec la région séparatiste du Somaliland, qui n’est pas reconnu internationalement. Selon cela, l’Éthiopie est désormais autorisée à construire une base militaire sur la mer Rouge, au Somaliland.
Le gouvernement somalien de Mogadiscio a déclaré cet accord invalide, le qualifiant de « violation de la souveraineté du pays ». Lorsqu’une délégation éthiopienne de haut rang a voulu se rendre au Somaliland mercredi, l’avion d’Ethiopian Airlines s’est vu refuser l’autorisation d’atterrir. L’IGAD veut maintenant jouer un rôle de médiateur ici aussi.