Marche des proches otages en Israël : « Donnez-nous des réponses ! »

Il n’y a toujours aucune trace des 240 otages du Hamas. Les proches veulent désormais faire pression sur le gouvernement israélien en organisant une marche vers Jérusalem.

TEL AVIV | « Nous manquons de temps », crie mardi Yuval Haran à la foule devant le musée d’art de Tel Aviv. Des centaines de proches et de partisans ont répondu à son appel à marcher depuis la ville côtière vers Jérusalem. Ils veulent savoir du gouvernement israélien ce qu’il est prêt à faire pour garantir que leurs proches soient libérés par le Hamas.

L’ancien habitant du kibboutz Beeri, attaqué le 7 octobre, soupçonne que sept d’entre eux sont aux mains du Hamas à Gaza, dont sa sœur Adi, son mari Tal et leurs deux enfants Yahal et Neve. Il veut « une réponse quant à la raison pour laquelle nos familles sont toujours à Gaza », dit Haran.

Les proches des personnes enlevées attendent depuis des semaines autour du quartier général de l’armée, dans le centre de Tel Aviv. Certains dorment sous des tentes. Une longue table dressée symbolise les otages, un grand sablier symbolise l’attente d’informations. Beaucoup se sentent abandonnés par le gouvernement. Comme Shelly Shem-Tov : « J’exige que Benjamin Netanyahu et le Cabinet de guerre nous donnent des réponses et fassent quelque chose. Nous n’avons plus de force », déclare la mère d’Omer, 21 ans. Son fils a été enlevé au festival de musique Nova lors de l’attaque du Hamas qui a fait plus de 1 200 morts.

Il n’y a pratiquement aucune nouvelle des otages, et lorsqu’il y en a, elles viennent souvent du Hamas lui-même : lundi soir, une vidéo a circulé montrant Noa Marciano kidnappée sur la base militaire de Nahal Oz. La jeune femme de 19 ans donne les noms de ses parents et rend compte en hébreu des raids aériens violents. Une coupure et une photo de son cadavre suivent.

Netanyahou impopulaire

Elle a été tuée dans un bombardement le 9 novembre, selon les Brigades Qassam, la branche armée du Hamas. L’information ne peut être vérifiée, mais l’armée a confirmé sa mort mardi matin et condamné la « terreur psychologique » du Hamas. « Nous voulons que l’État cesse de nous terroriser psychologiquement », crie Daniel Elgarat, le frère d’Itzik, également kidnappé, lors de la manifestation à Tel-Aviv. « Nous exigeons du gouvernement : donnez-nous des réponses !

Jusqu’à présent, la contre-offensive israélienne à Gaza n’a donné que peu de résultats concernant les quelque 240 otages. Le Hamas a libéré quatre personnes enlevées en octobre. Le 30 octobre, les soldats libèrent un autre otage. Mais il y a encore peu de progrès dans la recherche des prisonniers restants. Au lieu de cela, le Hamas a signalé que des dizaines d’otages manquaient à l’appel en raison des bombardements israéliens. Les informations ne peuvent pas être vérifiées.

Dans ce contexte, le porte-parole de l’armée, Daniel Hagari, a présenté lundi soir une séquence vidéo montrant une cachette d’otages sous l’hôpital Rantisi, récemment évacué, dans la ville de Gaza. La vidéo montre, entre autres, un biberon, une corde attachée à une chaise et une cache d’armes. En plus des chambres réservées aux otages, le Hamas exploitait également un centre de commandement souterrain.

Lorsque les proches défilent, les avis divergent quant aux mesures à prendre. Certains réclament l’arrêt des combats et des négociations sur un éventuel échange de prisonniers, d’autres font confiance aux dirigeants de l’armée et soutiennent l’offensive terrestre. Mais un nom revient sans cesse : Netanyahu.

Contrairement au chef d’état-major de l’armée ou au ministre de la défense, il refuse toujours de reconnaître sa complicité dans la défaillance des services de sécurité. La cote de popularité du dirigeant israélien est tombée à un plus bas historique. Selon une enquête de la Treizième chaîne, trois Israéliens sur quatre ont récemment appelé à sa démission pendant ou après la guerre.