Retrait de la France du Niger : désormais sans armes

Le retrait des troupes françaises du Niger par voie terrestre menace de devenir un cortège de honte. Pourquoi l’Allemagne est-elle toujours là ?

D’abord le Mali, puis le Burkina Faso, maintenant aussi le Niger. La France retire ses 1 400 soldats et laisse derrière elle un désastre politique. Après le coup d’État militaire au Niger fin juillet, la France a carrément envoyé ses alliés ouest-africains sur la piste pour lancer une intervention militaire totalement irréaliste contre les putschistes – le Nigeria, la grande puissance voisine, a stoppé ce plan à moitié cuit en temps avant qu’il ne soit finalement décidé que c’était possible. Par la suite, les putschistes nigériens se sont assis encore plus fermement en selle. Désormais, les manifestants anti-français ont pu assiéger allègrement les établissements français et confisquer les croissants jusqu’à ce que Macron fasse enfin preuve de perspicacité et appelle au retrait.

Ce sera une impression mémorable. Selon des informations parues à Paris, les soldats français doivent parcourir en convoi 1 600 kilomètres à travers le désert jusqu’au Tchad, où se trouve la dernière base militaire française du Sahel. La route courte normale depuis Niamey, la capitale du Niger, vers le sud, en direction du Bénin, est impraticable en raison de la fermeture de la frontière ordonnée par les voisins, et l’espace aérien du Niger n’est ouvert aux avions français qu’avec une autorisation spéciale. La longue route terrestre vers le Tchad risque désormais d’être un cortège de honte, même à travers le territoire dangereux de Boko Haram.

La centaine de soldats allemands sont toujours au Niger, mais on ne sait pas pourquoi. Le fait que les relations de l’Europe avec les États du Sahel se soient militarisées ces dernières années et que les projets de politique de développement soient devenus de plus en plus liés à la présence militaire a désormais des conséquences néfastes.

Paris et Berlin ne peuvent-ils pas entretenir de bonnes relations avec les gouvernements de Bamako, Ouagadougou et Niamey, même sans leurs propres soldats ? Si la région du Sahel est réellement aussi importante pour la sécurité de l’Europe qu’on l’a toujours prétendu pour justifier l’envoi de troupes, alors nous devons également travailler avec les nouveaux gouvernements militaires.