Cajamarca. L’autorité judiciaire de Cajamarca a déclaré fondée la plainte contre le ministère de l’Énergie et des Mines (Minem) et la société transnationale américaine Minera Yanacocha. Le verdict historique concerne le plus grand projet minier d’or sud-américain, Conga, dont la société d’exploitation appartient au groupe Newmont.
Le jugement reconnaît la menace que le projet fait peser sur le droit constitutionnel de la population de Cajamarca de vivre dans un environnement adéquat et équilibré, tel que défini à l’article 2.22 de la Constitution politique du Pérou. Il déclare invalide l’étude d’impact environnemental (EIE) approuvée par Minem en 2010. L’entreprise Yanacocha doit mettre fin à toutes les actions qui violent les droits environnementaux et garantir que les activités industrielles n’affectent pas la qualité de vie et le bien-être des communautés locales.
Les motifs du jugement indiquent que l’entreprise n’a pas été en mesure de prouver que les mesures prévues dans l’EIE pourraient atténuer les dommages environnementaux attendus. Il prévient que les activités de la société minière pourraient constituer une menace directe au droit à un environnement adéquat et équilibré. En outre, le jugement critique le fait que le ministère de l’Énergie et des Mines n’a pas pris en compte les risques potentiels à long terme pour la région lors de ses décisions en 2010.
Les rapports techniques cités dans le procès avertissent que le projet Conga aura un impact sur les zones d’amont qui desservent cinq micro-bassins versants, posant un risque important pour la faune, la flore et les communautés environnantes.
Le conflit autour de l’exploitation de l’or dure depuis longtemps. Yanacocha a reçu l’approbation de Minem pour démarrer ses activités minières pour le projet Conga en 2010, à l’époque du président néolibéral Alan García.
Cependant, l’approbation et l’EIE inadéquate ont provoqué une forte opposition de la part des communautés locales en raison de l’impact potentiel sur les ressources en eau, conduisant à une série de protestations qui ont bloqué le projet en 2012. En 2011 et 2012, sous le règne du futur président Ollanta Humala, la répression policière des manifestations a eu lieu dans la province de Cajamarca, avec plusieurs incidents violents au cours desquels cinq personnes ont été tuées.
Depuis, le projet Conga est suspendu malgré un investissement prévu de plus de 4,8 milliards de dollars.
De son côté, le groupe Newmont-Yanacocha a toujours nié ces allégations, affirmant que le projet Conga ne causerait pas de dommages irréversibles aux ressources en eau de la région. Le groupe a fait valoir que les mesures correctives prévues dans l’EIE seraient suffisantes pour contrôler l’impact environnemental.
Le procès Amparo a été intenté en 2012 par l’homme politique et ancien prêtre catholique Marco Antonio Arana Zegarra. Il avait fondé son procès sur la perte potentielle d’écosystèmes importants pour Cajamarca, la menace sur les lagunes et les sources qui font partie d’importants bassins versants.
Marco Arana a reçu le Prix d’Aix-la-Chapelle pour la paix en 2010 pour ses décennies de travail pacifique et sans compromis contre l’exploitation de l’or et pour les droits de la population indigène du Pérou, qui perd ses moyens de subsistance à cause d’une exploitation à ciel ouvert écologiquement ruineuse.
L’ancienne présidente du Conseil des ministres péruvien, Mirtha Vásquez, s’est dite satisfaite du dernier verdict. Après plus de douze ans de lutte, les habitants de Cajamarca ont réussi à assurer la protection de leur eau et de leur environnement dans la région. Cette décision constitue une étape importante dans la lutte des communautés de Cajamarca pour la protection de l’environnement et a des implications considérables. Cela reconnaîtra également le droit constitutionnel à un environnement sain pour les générations futures.