C’est le jour où 8,1 millions d’électeurs inscrits au Cameroun ont été appelés à élire un nouveau chef de l’Etat. Le président Paul Biya tient fermement les rênes entre ses mains depuis 43 ans. A 92 ans, il est le président le plus âgé du monde. Il se présente désormais à nouveau – pour son huitième mandat.
Selon les médias, les manifestations à Garoua ont été déclenchées par un incident au cours duquel le principal candidat de l’opposition, Issa Tchiroma Bakary, a été empêché par des gendarmes de se rendre chez lui en voiture alors qu’il venait de voter. Il y a eu une escalade entre les forces de sécurité et les partisans de Tchiroma, des coups de sommation ont été tirés et des gaz lacrymogènes ont été utilisés.
Même si le Cameroun est officiellement une démocratie multipartite, l’opposition et la société civile sont sévèrement limitées. Maurice Kamto a longtemps été considéré comme l’opposant politique le plus connu et le plus prometteur du Cameroun. Il est arrivé deuxième aux dernières élections de 2018. Avec son parti MRC et ses vives critiques à l’égard du régime Biya, il a attiré l’attention nationale – et a ensuite été brièvement exclu de l’élection présidentielle de cette année dans des circonstances nébuleuses.
Tchiroma lui-même a longtemps siégé dans le gouvernement de Biya
Avec Issa Tchiroma Bakary, 76 ans, un proche de longue date de Biya – jusqu’à récemment, il était ministre du Travail et fait partie du gouvernement depuis 2009 -, il est étonnamment apparu comme l’opposant le plus ferme. Tchiroma Bakary dispose d’un large public, notamment dans sa région d’origine, au nord du pays, qui constitue par ailleurs une banque de votes fidèles au parti au pouvoir, le RDPC.
L’énorme présence sécuritaire dans sa ville natale de Garoua le jour du scrutin n’était donc pas surprenante. Les rues autour de la résidence de l’ancien ministre ont été bouclées pour empêcher les foules. Dans l’après-midi, comme le rapporte également Fernand Mazidar, le réseau de téléphonie mobile a été complètement coupé pendant plusieurs heures.
Après la fermeture des bureaux de vote, la situation s’est accélérée : après que le premier décompte des voix de la diaspora ait montré une avance pour Tchiroma Bakary, sa coalition, l’UPC, l’a déclaré dimanche soir vainqueur du scrutin. Paul Biya devrait admettre sa défaite, indique le communiqué de la coalition, Tchiroma étant en tête « avec une part des voix comprise entre 60 et 80 pour cent dans plusieurs bureaux de vote ». Une vidéo sur X montre Tchiroma entouré de supporters en fête.
De nombreuses évaluations sont diffusées en ligne par les partisans de l’opposition et du gouvernement, chaque camp interprétant le décompte des voix en faveur de son favori. Le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, a aussitôt mis en garde l’opposition contre toute tentative de « fabriquer et publier de faux résultats ».
Les élections au Cameroun sont éclipsées par des allégations de manipulation et de fraude depuis des décennies. Le manque de transparence de l’autorité électorale Elecam est critiqué à plusieurs reprises. Les résultats officiels devraient être annoncés au plus tard le 26 octobre.