New York/Port-au-Prince. Les Nations Unies ont décidé de prolonger la mission de sécurité actuelle en Haïti. Lundi, le Conseil de sécurité a voté à l’unanimité la prolongation de la mission de police multinationale dirigée par le Kenya jusqu’au 2 octobre 2025.
La mission a été créée en octobre 2023 à la demande du gouvernement haïtien pour soutenir la police haïtienne dans sa lutte contre les bandes armées et superviser l’acheminement de l’aide à la population en souffrance. Les rapports actuels en Haïti, sur 3 600 personnes assassinées jusqu’à présent cette année, plus de 700 000 personnes déplacées à l’intérieur du pays et une famine imminente, ont mis les Nations Unies sous pression.
Dans la résolution adoptée, le Conseil de sécurité a exprimé sa « profonde préoccupation face à la situation en Haïti, notamment la violence, les activités criminelles et les déplacements massifs ». Dans le même temps, la communauté internationale est invitée à apporter des contributions volontaires supplémentaires pour soutenir les troupes présentes dans ce pays des Caraïbes.
La mission fonctionne comme une mission non-ONU en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies. Cette section permet au Conseil de sécurité d’autoriser le recours à la force lorsque toutes les autres mesures visant à maintenir la paix internationale ont échoué. Le Kenya a commencé dès l’été à envoyer les premiers contingents de la mission décidée l’année dernière.
Lors de l’Assemblée générale des Nations Unies fin septembre, Edgard Leblanc Fils, président du Conseil de transition d’Haïti, a appelé à « une réflexion pour transformer la mission d’assistance à la sécurité en une mission de maintien de la paix sous mandat des Nations Unies ». Dans le cadre d’un tel mandat, la mission ne compterait plus sur le soutien volontaire des États membres, mais pourrait s’appuyer sur des fonds fiduciaires et sur les casques bleus des Nations Unies.
Un premier projet de résolution, préparé conjointement par l’Équateur et les États-Unis, prévoyait une telle conversion. Cependant, cette tentative a échoué en raison de la résistance de la Chine et de la Russie. Le représentant de la Chine au Conseil de sécurité, Geng Shuang, a souligné que « l’ONU a déjà envoyé plusieurs missions de maintien de la paix en Haïti » mais que « les résultats n’ont jamais été satisfaisants ». La mission de stabilisation des Nations Unies en Haïti, déployée de 2004 à 2017, a été entachée d’allégations d’abus sexuels de la part de soldats de maintien de la paix et de l’introduction du choléra dans le pays, qui a tué environ 10 000 personnes.
Le Kenya a maintenant promis que le déploiement de la force, qui a été portée à 2 500 hommes, serait achevé d’ici janvier. La Guinée, dirigée par une junte depuis un coup d’État en 2021, a proposé samedi de fournir 650 policiers à la mission. Les premiers services d’urgence des pays des Caraïbes sont arrivés en Haïti en septembre.
La situation déjà difficile dans ce pays des Caraïbes s’est aggravée ces derniers mois en raison d’une spirale de violence et d’une grave crise humanitaire. Des groupes armés, souvent liés aux élites politiques et économiques du pays, ont pris le contrôle de grandes parties du pays, notamment la capitale Port-au-Prince. Un incident vendredi dernier a fait sensation dans la presse internationale lorsque des membres de gangs ont assassiné au moins 70 habitants de la commune de Pont-Sondé.
Les gangs avaient déjà lancé des attaques massives contre des prisons et des installations publiques en février. Le Premier ministre haïtien Ariel Henry a alors démissionné. Depuis que nous dirigeons le pays par un conseil de transition.