Lima. Le gouvernement de Dina Boluarte a autorisé par décret l’entrée de militaires armés des États-Unis sur le territoire du pays pour la période du 1er janvier au 31 décembre 2025. Un groupe de 55 militaires doit mener une formation avec les forces armées et la police nationale péruviennes pour « renforcer la défense et la sécurité du pays ».
Le Congrès devait auparavant autoriser le gouvernement à le faire en vertu des dispositions de l’article 102, paragraphe 8 de la Constitution. Le législateur a également autorisé le gouvernement « à modifier, par une décision contresignée par le ministre de la Défense, la date de début des activités précisée dans l’annexe à la présente résolution législative, en cas de raisons imprévues ». Cet ajout n’a pas encore été expliqué plus en détail par les responsables.
Toutefois, il a déjà été annoncé que l’armée américaine serait présente dans de vastes régions du pays, notamment dans les provinces de Lima, Callao, Loreto, San Martín, Huánuco, Ucayali, Pasco, Junín, Huancavelica, Cusco, Ayacucho, Apurímac, Santa Lucía, Puerto Maldonado, Iquitos et Pucusana. L’armement de l’armée américaine se limitera à diverses versions d’armes d’infanterie telles que les armes légères, les mitrailleuses et les mortiers.
Le journal péruvien La Razón fait état de « réactions différentes au sein de la politique et de la société » à la décision annoncée. L’accent est mis sur l’accès associé à des armes sophistiquées et le renforcement de la sécurité du pays afin de « faire face à d’éventuelles menaces ».
La résolution du Congrès fait suite à la précédente du 1er novembre, dans laquelle la chambre avait autorisé l’entrée de 600 membres des forces armées américaines. Les soldats américains étaient censés assurer des tâches de sécurité pendant et après le sommet du Forum économique Asie-Pacifique (APEC), qui s’est tenu à Lima du 9 au 16 novembre.
En autorisant l’armée américaine à entrer sur ses propres frontières, le Pérou suit la tendance déjà tracée par les gouvernements de l’Équateur et de l’Argentine.
Alors que le Pérou, sous le précédent gouvernement du président de gauche Pedro Castillo, tentait de se dissocier des revendications américaines sur le sous-continent, la puissance du Nord est désormais autorisée à étendre à nouveau sa présence.
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Le portail de recherche vénézuélien Misión Verdad a examiné l’évolution plus en détail et rappelle la sortie du Pérou sous le gouvernement Castillo du soi-disant Groupe de Lima en 2021, fondé pour construire un front latino-américain pour un changement de gouvernement au Venezuela. « Cet acte d’intrépidité géopolitique » dans un pays qui suit traditionnellement les diktats américains « devrait marquer les derniers mois du mandat de Pedro Castillo ».
Misión Verdad considère que « l’implication des États-Unis dans le coup d’État contre Castillo du 7 décembre 2022 est prouvée par le programme actif de l’ambassadrice de l’époque, Lisa Kenna », dans les jours qui ont précédé le renversement du président. Il comprend des « rencontres avec des personnalités clés du complot », l’ancien ministre de la Défense Nicolás Bobbio, le président du Congrès Williams Zapata, l’ancienne procureure générale Patricia Benavides et d’autres. Après le transfert du pouvoir, les États-Unis ont été le premier pays à reconnaître la présidence de Boluarte.
Depuis, les États-Unis ont accru leur présence sur le territoire péruvien en coordination avec la police nationale et les forces armées. En mars 2023, le ministère de l’Intérieur et l’ambassade américaine ont convenu de coopérer sur les questions de sécurité et de lutte contre le trafic de drogue. La visite de Todd Robinson, sous-secrétaire d’État chargé de l’Office américain de lutte contre les stupéfiants, au ministre péruvien de l’Intérieur, Victor Torres, avait pour objectif de planifier la formation de la police péruvienne.
Depuis la loi 4.766 du Congrès du 19 mai 2023, 1.500 soldats américains seraient déployés sur le sol péruvien à des fins d’entraînement, de manœuvres conjointes et d’opérations secrètes.
Le portail de recherche a également rapporté qu’en octobre 2023, le ministre péruvien de la Défense, Jorge Chávez, a rencontré Juan Gonzalez, alors conseiller principal de la Maison Blanche pour l’Amérique latine, ainsi qu’avec les secrétaires d’État adjoints pour l’hémisphère occidental du ministère des Affaires étrangères et Défense, Mark Wells et Daniel Erikson, ainsi qu’avec Alberto Otárola, alors président du Conseil des ministres. L’objectif de la réunion était de donner à ce dernier des pouvoirs de contrôle sur l’espace aérien péruvien, dans le cadre de la coopération de l’armée de l’air péruvienne avec l’armée américaine dans la lutte contre le trafic de drogue.
Le Pérou, qui borde cinq pays du continent avec un littoral Pacifique total de 2 414 kilomètres, occupe une position stratégique en Amérique latine.