Quito. Les protestations sociales en Équateur, qui ont débuté fin septembre, se poursuivent. La confédération indigène CONAIE s’oppose à la suppression de la subvention du diesel et à la réduction de la TVA et appelle à davantage d’investissements dans la santé et l’éducation. Les agriculteurs, les populations indigènes, les syndicats et d’autres organisations sociales se sont joints aux manifestations. Le parti indigène Pachakutik soutient les protestations.
Le parti d’opposition de gauche Revolución Ciudadana de l’ancien président Rafael Correa se positionne également ouvertement en solidarité avec certaines parties du mouvement social, en offrant un soutien parlementaire et logistique et en renforçant ainsi le lien politique entre les protestations et l’agenda de l’opposition.
Le gouvernement du président Daniel Noboa a instauré un état d’urgence de 60 jours dans plusieurs provinces via le décret 174, restreignant la liberté de réunion et autorisant le déploiement de forces policières et militaires dans le but déclaré de lever les blocus et d’assurer l’approvisionnement des infrastructures critiques. Les critiques voient cette mesure comme une militarisation disproportionnée du conflit et une criminalisation systématique de la protestation civile.
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Les groupes de défense des droits humains réclament des enquêtes indépendantes et transparentes alors que de nombreux rapports font état d’un recours excessif à la force, d’arrestations arbitraires et de blessures. Les critiques sont particulièrement vives à l’égard de la gestion de la mort du militant Efraín Fuérez, dont la mort a suscité une indignation généralisée et suscité des appels à des éclaircissements médico-légaux et à la responsabilisation. Les observateurs préviennent que sans enquêtes neutres, la crédibilité des accusations étatiques continuera de diminuer.
Le pouvoir exécutif a qualifié de terroristes les attaques contre les convois de l’État et a parlé d’une tentative d’assassinat présumée contre le président après un incident à Cañar. Des vidéos montrent des jets de pierres sur la caravane présidentielle. Le gouvernement a fait état de plusieurs arrestations et de preuves de coups de feu, mais ces faits n’ont pas encore été entièrement documentés publiquement. Les représentants de la CONAIE et les organisations sociales ont rejeté ces accusations, les qualifiant de criminalisation unilatérale du mouvement et mettant en garde contre l’utilisation du discours sécuritaire pour réprimer des manifestations légitimes.