Manifestation indigène contre les expulsions forcées et la violence en Argentine

Rawson. La communauté mapuche de Lof Pailako à Chubut (province argentine de Patagonie) risque d’être expulsée sur ordre du juge Guido Otranto. Otrante n’est pas une étrangère. Il a également été impliqué dans le cas de Santiago Maldonado, disparu alors qu’il défendait Lof Pu en 2017 et retrouvé mort par la suite. La gendarmerie de la police paramilitaire en est accusée, et l’affaire n’a jamais été suffisamment résolue. À l’époque, Otrante était accusée d’avoir pris parti et d’avoir commis des erreurs dans l’enquête.

L’évacuation du Lof Pailako a été à son tour pilotée par le chef de l’administration du parc national, Cristian Larsen, et le gouverneur de Chubut, Ignacio Torres. Les représentants des Mapuches en voient la raison dans la mesure où « l’idée de privatiser les parcs nationaux est en cours de discussion, car ils contiennent des ressources minérales utiles à l’industrie de l’armement et aux technologies permettant de générer des énergies renouvelables ».

Les violences en Patagonie ont déclenché une vague de solidarité internationale. Des organisations comme le réseau international Argentina No Se Vende (L’Argentine n’est pas vendue) ont manifesté devant les ambassades d’Argentine à Berlin, Barcelone, Paris, Lisbonne et Londres.

Entre le 19 et le 30 août, les militants ont envoyé une lettre aux ambassades argentines des villes respectives, au président Javier Milei et à l’administration du parc national exigeant la fin du déplacement et du harcèlement des communautés indigènes.

La lettre dénonce également la complicité de l’État dans l’avancée de l’exploitation minière et la répression, en soulignant des cas récents tels que l’assassinat de Juan Carlos Villa à Mallín Ahogado et d’autres actes de violence contre les Mapuche, comme les cas de Lucinda Quintupuray, Elias Cayicol Garay et Rafael Nahuel. Ces incidents surviennent dans un contexte de persécution juridique croissante des peuples autochtones par les gouvernements provinciaux, le système judiciaire et les propriétaires fonciers qui font pression pour le déplacement des peuples autochtones. Des cas comme ceux de Facundo Jones Huala et Matías Santana montrent que les politiques des organes de l’État visent à criminaliser la protestation et la défense territoriale.

Aggravée par la militarisation de la Patagonie et l’adoption de lois telles que la Loi des Fondations et Points de départ pour la liberté des Argentins (Bases Ley) et le Système d’incitation aux grands investissements (Rigi), qui ouvrent la porte à l’exploitation et à la destruction de les territoires et leurs habitants, la situation change quotidiennement.

Le gouvernement Milei et les partis de droite du Congrès et du Sénat qui collaborent avec lui ouvrent la voie à une exploitation encore plus intensive du territoire national par le biais de concessions pour les entreprises étrangères. Les gouvernements précédents ont déjà encouragé cette exploitation des ressources minérales nationales, mais elle est désormais poussée plus loin et intensifiée. En Patagonie, des acteurs mondiaux comme Lewis et Benetton s’enrichissent depuis longtemps.

À ce jour, la vente des terres en Argentine a atteint une telle ampleur que certains acteurs affirment que la souveraineté nationale a été compromise. Selon un rapport du syndicat ATE (Concentration et propriété étrangère des terres en Argentine), 900 000 hectares appartiennent à l’entreprise « Tierras del Sud Argentina » Benetton. Plus de 12,5 millions d’hectares sont aux mains de sociétés étrangères, dont près de deux millions sont attribués à des sociétés basées dans des paradis fiscaux.

Pour les communautés indigènes dont le territoire est distribué, qui sont opprimées, déplacées et emprisonnées, cela représente la continuation historique d’un processus qui a commencé avec la conquête par les dirigeants coloniaux. Face à cette situation, les peuples indigènes lancent un appel à la solidarité internationale, sachant que la pression internationale peut influencer le gouvernement de Javier Milei. En Argentine même, ce violent conflit est masqué par d’autres scandales politiques et économiques et passe à peine compte. Les revendications sont claires : rejet du Rigi et des « bases telluriques ». La persécution des Mapuche doit cesser. Mettre fin aux expulsions des communautés autochtones de leurs terres. Solidarité internationale avec les Mapuche et leurs organisations.

Fin août, l’Asamblea de Solidaridad con Argentina – Berlin l’a réclamé dans une lettre ouverte à l’ambassadeur d’Argentine.

– la cessation de la répression, la démilitarisation de la Patagonie, la libération et la liberté de toutes les personnes arrêtées
Mapuche.

– l’arrêt de tous les arrêtés d’expulsion et la garantie de l’intégrité physique et mentale de tous les adultes et enfants qui y vivent.

– Respect et réparations pour les peuples autochtones.

– mettre fin aux violences systématiques que subissent quotidiennement les Lofs et leurs habitants

– la reprise du dialogue par l’administration du Parc National Los Alerces.

– la ratification de la « Convention relative aux peuples autochtones » de l’Organisation internationale du travail (OIT169), ratifiée dans la Constitution argentine en 1992.