Manifestations massives lors du sommet de l’APEC au Pérou

Lima. Depuis mercredi, des centaines d’organisations sociales et de syndicats à travers le Pérou ont participé à une grève générale de trois jours convoquée par le syndicat des transports. La grève du 13 au 15 novembre s’est déroulée parallèlement au forum économique de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC) qui se tient depuis jeudi à Lima.

A l’approche du sommet, le gouvernement a demandé à la population de s’abstenir de manifester. En outre, des mesures de sécurité renforcées ont été prises, notamment la déclaration de jours de congé à Lima et à Callao et le déploiement de l’armée américaine. La police a érigé des clôtures métalliques le long des routes menant au site de la réunion de l’APEC et a restreint la circulation des véhicules et des piétons. Au total, au moins 15 000 policiers et militaires auraient été déployés.

Néanmoins, des manifestations massives ont déjà eu lieu mercredi. A Lima, des centaines de manifestants ont défilé depuis la périphérie vers le Congrès. Mais de nombreux secteurs sociaux ont également manifesté en dehors de la capitale et des grèves ont eu lieu dans le secteur des transports et chez les vendeurs des marchés. Presque toute la circulation à Cusco s’est arrêtée. Dès le premier jour, 17 blocages de voies de circulation importantes ont été signalés dans tout le pays.

A Arequipa, après des manifestations initialement pacifiques, des affrontements ont éclaté mercredi soir entre les syndicalistes du bâtiment et la police. Ils ont utilisé des gaz lacrymogènes et, sans sommation, ont tiré à bout portant sur des personnes, blessant au moins huit manifestants. Résultat, comme à Cusco, les cours dans la région ont été suspendus le lendemain.

Au deuxième jour de grève générale, les manifestations et les barrages routiers se sont poursuivis dans les régions de Huancavelica, Huancayo, Ayacucho et Juliaca. À Lima, les manifestations se sont déplacées vers l’intersection de l’Avenida Javier Prado et de l’Avenida Aviación, où se déroulent les principales activités de la conférence de l’APEC. Au cours de la journée, des violences policières excessives ont été constatées, notamment l’usage continu d’armes à feu par la police.

Selon les médias, les manifestants ont pu se rapprocher du lieu de la réunion afin que les protestations puissent être entendues lors de la réunion. Une partie de la délégation chinoise s’est interposée directement entre les manifestants le premier jour de la conférence et a dû trouver un autre itinéraire sous escorte policière.

La grève générale fait partie d’une série de grèves et de manifestations par lesquelles le syndicat des travailleurs des transports veut attirer l’attention sur l’insécurité massive et l’augmentation des attaques contre les travailleurs des transports (a rapporté America 21). Les manifestants exigent du gouvernement une action plus décisive pour lutter contre la hausse de la criminalité, qui affecte gravement la vie quotidienne de nombreuses personnes. Ils réclament également un renouveau politique, notamment la démission de la présidente Dina Boluarte et du Congrès. D’autres revendications clés concernent l’abolition des lois qui, selon les critiques, favorisent la criminalité et restreignent les droits civils.

Les revendications des manifestants sont donc moins dirigées contre l’APEC elle-même. Ils tentent plutôt d’utiliser l’attention mondiale, à travers la présence des chefs d’État, pour faire pression sur le gouvernement.

Le secrétaire général de la Confederación General de Trabajadores del Perú (CGTP), Gustavo Minaya, a souligné dans une interview que « la réalité de l’insécurité dans le pays ne peut être cachée derrière la façade d’événements internationaux comme le sommet de l’APEC ». Au contraire, « les dirigeants internationaux en visite au Pérou devraient être conscients des graves problèmes d’insécurité auxquels sont confrontés les Péruviens et qui sont ignorés par le gouvernement de Dina Boluarte ».